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Mazarinade n° C_6_12

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Anonyme [1649], MEDITATIONS DV CARDINAL MAZARIN DONNEES AV PVBLIC PAR SON SECRETAIRE, L. F. Auec l’Oraison qu’il à composée, pour la reciter quand il sera sur l’Eschaffaut. , françaisRéférence RIM : M0_2440. Cote locale : C_6_12.


sont iamais reiallyes qu’à mon desaduantage, & n’ont
trouué en soy qu’vne publique desolation.
 
Faut-il miserable & infortuné que ie suis que iacheue
plus long-temps ma vie dans ce labirinthe ? Ie verray tous
les miens succomber, & ie feray contraint helas ! d’acheuer
en tristesse, & en langueur continuelle le cours
de mes ans ; Que puis-ie esperer à l’aduenir que des nouueaux
desordres.
Terre ouure toy, & m’enferme plustost dans les noirs
demeures & de tes obscuritez que de me laisser plus
long-temps dans ces calamitez publiques, i’en ay trop
veu & à mon grand regret : il est temps que ie paye le
tribut que ie dois à la nature ; C’est par trop demeurer
dans ses destours, aussi bien ie ne dois esperer bien-tost
qu’vne ruine, & vne desolation totale de ma personne ;
Adieu donc Paris infortuné, que mes os ne reposent
iamais dans l’enclos de tes murailles, que mon corps ayt
plustost Mont faucon pour sepulture que l’estenduë de
tes terres. Mais que dis-je helas ! où me transportent
mes souspirs, ie me perds dans ma propre perte, & le
trop de cognoistre que i’ay de mes crimes & mal’heurs
me rauit hors de moy-mesmes.
Ie reuiens encor vn coup à toy Ville miserable, entends
au moins mes plaintes, preste l’oreille à mais derniers
souspirs. Ie verray auec regret les maux que ie t’ay
procuré depuis quelque mois en ça, ie ne puis que ie ne
gemisse voyant tant de furieuses charges, & tant de
rencontres que ie t’ay faict donner iusques dans les
ports.