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Mazarinade n° C_6_5

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Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : C_6_5.


droict naturel comprenant tous les animaux & tous les hommes, qui
leur fournit vn instinct pour leur propre conseruation, non seulement
de l’indiuidu, mais mesme de l’espece : c’est de là que vient la
conjonction du masle & de la femelle ; de là vient le mariage, la procreation,
& l’education des enfans. Subordinément il y a vn droict
des gens, qui appartient non seulement aux hommes, mais aussi
comprend-il tous les hommes, comme la Religion & la creance de
Dieu, la pieté vers les parens & la patrie, la resistance aux injures
& aux torts qu’on nous veut faire, que nous appellons legitime defensiue ;
& que comme ainsi soit que par la nature nous soyons tous
alliez & apparentez les vns auec les autres, il s’ensuit que c’est vne
abomination quand vn homme dresse des embusches pour surprendre,
pour tromper, & pour offenser vn autre homme. Ils adjoûtent
que par ce droict des gens, les guerres ont commencé, que les
peuples se sont distinguez, recueillis & cantonnez ; que les Royaumes
se sont formez, & qu’on a estably des Rois. De cet-endroit si notable,
nos Politiques qui ne recognoissent point d’Euangile, & qui
n’admirent que la prudence humaine, pourroient prendre suffisante
instruction, & apprendre premierement qu’il y a vn Dieu, par le consentement
de toutes les nations, qui sont vniuersellement imbuës
de cette cognoissance. Secondement, qu’il faut aimer sa patrie & ses
parens ; & le troisiesme precepte vniuersellement receu, c’est la defense
legitime. Ce sont trois grands Iurisconsultes qui nous font cette
leçon, & qui estoient pour le moins aussi qualifiez que nos Chanceliers
& premiers Presidens. Et Iustinian Empereur de l’vne & l’autre
Rome, prescriuant des Loix à toute la terre, commence son Digeste
par ces trois capitales maximes : Sur lesquelles & à propos du
sujet que nous traitons, il y a lieu de loüer ce grand Docteur de la
France, Iacques Cujas, lequel interpretant exactement & philosophiquement
ces termes de Pomponius, Velutierga Deum religio : vt parentibus
& patriæparemus, il escrit ainsi : Ordo non placet : nam prima officia
debemus Deo, secunda Patriæ, tertia parentibus. Si la patrie marche en ce
rang, & immediatement apres Dieu, quelle est la peruersité, l’iniquité,
& la sceleratesse de ceux qui en abandonnent l’honneur, & ne
se soucient pas de la voir reduire en seruitude ? Aussi voyons-nous
que ce sont des Siciliens, des Angeuins & des Catelans, qui ont resolu
la destruction de cette grande Cité, & il est presque impossible