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Mazarinade n° C_6_5

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Anonyme [1649], MANVEL DV BON CITOYEN, OV BOVCLIER DE DEFENSE LEGITIME, Contre les assauts de l’Ennemy. , françaisRéférence RIM : M0_2406. Cote locale : C_6_5.


s’opposer à cet important Ministre, & luy allegua pour toute excuse,
les respects que luy rendoit le feu Prince de Condé ; de sorte que si
les personnes de cette qualité, de cette experiẽce & suffisance, n’osent
contrarier vn Fauory, ny proposer vn aduis salutaire, quand il n’est pas
du goust du Souuerain, nous ne deuons plus rien attendre, sinon du
costé de Dieu, ou de quelqu’vn de ses Prophetes. A present neantmoins
que la Piscine est esmeüe, & qu’il se presente quelque esperance
de guerison pour ce pauure Estat, qui est paralytique de la plus
grande partie de ses membres : si nous sommes assez heureux pour y
bien reussir, ie voudrois qu’entre les bons regimes qui seront proposés
pour l’aduenir, il y eust vn iour de la semaine auquel leurs Majestez
prissent la peine d’entendre les plaintes de leurs subjets : Que pour cet
effet, & pour leur adoucir ce trauail, ils eussent des Introducteurs,
des Auditeurs & autres Officiers, comme sont les Prestaues de Septentrion,
& les Chaoux d’Orient ; mais sur tout de bons & fideles
Ecclesiastiques, tantost d’vn ordre, & tantost d’vn autre, qui seroient
porteurs & rapporteurs des supplications du peuple vers le Prince,
& des bienfaits du Prince vers le peuple, Hinc precum, hinc donorum,
comme les bons genies des Philosophes Platoniques, ou, pour mieux
dire, comme nos Anges Gardiens & Mediateurs : Ils en seroient bien
plus sages & plus absolus, & leur authorité bien plus affermie par la
bien veillance de leurs subjets. Mais vne chose pouuons-nous dire
sans flatterie & sans desguisement ; que les Princes ne sont point tant
coupables de nos maux, comme sont les flatteurs & les perfides Conseillers ;
& peut-estre que le plus ferme d’entre nous, s’il estoit attaqué
d’autant de tentations & de secousses qu’on leur baille, chancelleroit,
& succomberoit plus lourdement & dangereusement qu’ils
ne font pas. C’est pourquoy il faudroit faire vne instante & serieuse
poursuite contre ces faux Ministres, qui les assiegent, les possedent &
les charment. Car puis que les Princes ne voyent & n’entendent que
par leurs organes artificieux, il est impossible qu’ils soient informez
de la verité des choses, impossible qu’ils en iugent autrement que
par l’information corrompuë qu’ils en ont. Au reste les gens de bien,
qui pourroient leur parler franchement & consciencieusement, leur
sont descriez comme des fols & des extrauagans ; & comme leur
propre modestie les retient, l’impudence des meschans les rebutte,
& la calomnie les décredite. Comment est-ce donc que les Rois