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Mazarinade n° D_2_19

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Anonyme [1649 [?]], FACTVM, SERVANT AV PROCEZ CRIMINEL FAIT AV CARDINAL MAZARIN, touchant ses intelligences auec les Estrangers ennemis de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1368. Cote locale : D_2_19.


resolution suffisante pour arrester les progrez des ennemis, lesquels
ne pouuoient rien entreprendre tant qu’ils auroient l’Armée
du Roy en presence de la leur.
 
Pour donner moyen à celle des ennemis de décamper auec seureté,
& aller former le siege de Landrecies, qu’on auoit exprés dégarny
d’hommes, le Cardinal s’en alla d’Amiens à Dourlans, sous
pretexte des mes intelligences qui estoient entre les Mareschaux
de Gassion & de Ranzau, Generaux de l’Armée du Roy ; il les fit
venir à Dourlans, non pour les mettre bien ensemble, mais à dessein
de leur faire employer & perdre trois jours de temps, tant pour aller
& s’en retourner, que pour leur sejour, comme ils firent.
Soudain apres leur depart, l’armée de l’Archiduc décampa
d’auprés de Lens, & fut inuestir & assieger Landrecies : ces Mareschaux
de France arriuez à leur Camp accoururent à ce siege auec
leur armée, & resolurent de faire vn effort pour jetter des gens
dans la Place, dequoy elle manquoit seulement, estant des plus
fortes du Pays-bas. Cét effet jugé & tenu pour infaillible par le
conseil de l’Armée, il fut absolument deffendu de la Cour par ordre
secret apporté par Langlée, en sorte que ces deux Generaux
furent obligez d’abandonner vne si bonne & importante Place,
qu’ils pouuoient & vouloient sauuer, se retirerent & prindrent chacun
les troupes qui leur estoient separément destinées, & furent
assieger chacun vne place ; le Mareschal de Gassion la Bassée, & le
Mareschal de Ranzau Dixmude, qu’ils prirent & fortifierent.
Sur ces differentes pertes & gains, la Cour qui auoit quitté Paris
aux premiers aduis de la marche des ennemis, pour ne pas oüir les
reproches de n’auoir ordõné les recreuës, ny leué aucunes troupes,
s’en reuint de Picardie à Paris, & tost apres s’en alla à Fõtainebleau.
L’Archiduc enuoya au mois d’Octobre assieger Dixmude auec
cinq mille deux cens hommes, tãt Caualerie qu’Infanterie : le sieur
de Clanleu auoit esté mis dedans pour la deffendre auec deux mille
huit cens hommes, entre lesquels estoit le Regiment de Piedmont,
bien que les assiegez se mocquassent des assiegeans par la
seule comparaison des vns aux autres, outre la bonté de la Place : le
Mareschal de Ranzau s’approcha non tant pour la secourir, que
pour enleuer le siege, comme il auroit apparemment fait, sans l’aduis
de la soudaine & inopinée reddition de la Place, dont la capitulation
fut à cette fin faite incontinent apres l’arriuée de la Cour du
sieur de Cominges, qui en porta les ordres, sans que les ennemis
eussent gaigné aucun dehors, ny le pûssent faire de deux mois.