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Mazarinade n° A_5_13a

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Anonyme [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME DE LA COVR, A vn Seigneur qui est à l’Armée, TOVCHANT L’ATTENTAT COMMIS AVX FILLES DIEV A PARIS, En la personne de Madamoiselle de sainte Croix, & toute la suite des procedures dont on a vsé contre-elle. , françaisRéférence RIM : M0_1868. Cote locale : A_5_13a.


ne plaisoit pas, dans sa verité, ny sous vn masque.
 
Comme l’Amour est tousiours ingenieux à ses propres dommages, ce
Gentilhomme piqué encore plus fortement à la recherche de cette Fille
par ses refus, resolut de la visiter souuent, & d’abuser de la facilité de son
Pere contre elle mesme. Ayant insensiblement attiré ce bon homme à son
party par l’esperance qu’il luy donnoit de l’auancement de sa fortune à la
Cour de Monseigneur le Duc D. des bonnes graces duquel il ne se promettoit
rien moins, que de luy faire auoir la charge de Chambellan ou
de Gentilhomme de sa chambre ; il creut qu’ayant gaigné le Pere, il luy seroit
fort aisé de posseder la Fille, puisque sa volonté deuoit estre iustement
renfermée dans la sienne.
Au contraire la Mere plus iudicieuse approuuoit la conduite de sa Fille,
de ne pouuoir aymer vn homme qui la consideroit plustost par l’interest
du bien que par les qualitez de sa personne, & qui apres tout n’auoit rien en
luy de recommendable que la faueur d’vn Prince, qu’il n’auoit peut-estre
point encore du tout meritée, iugeant deslors que ce seroit appuyer sa
fortune sur vn fondement bien peu solide, que de l’asseurer sur vne alliance
si ruineuse, qui n’estoit riche que de crimes & de debauches ; & l’establissement
de laquelle pouuoit changer aussi souuent que la volonté d’vn
homme dont elle procede. Dans cette veüe elle loüa sa fille d’estre sage
& auisée deuant le temps, de ne point faire de choix qui ne luy fût egalement
agreable & auantageux, & la fortifia dans le dessein d’épouser plustost
vne grille, que plusieurs miseres auec vn homme si fort imparfait.
La premiere proposition de ce mariage auoit esté faite quelques mois
auparauant par Monsieur de Glatigny oncle maternel de la Fille, lors que
reuenant du Haure pour s’acquiter d’vne Commission qu’il auoit eüe du
Conseil, il fut mandé à Paris de la part de son A. R. qui luy ordonnoit de la
venir trouuer au plustost, pour luy communiquer vne affaire dont l’issuë
estoit autant importante à sa famille que le projet pourroit estre honorable
à sa personne. Il part sans differer, & cet ordre l’obligeant de continuer
son voyage iusqu’à Paris, il arriua assez tost pour y receuoir les ordres
d’vn Prince dont les simples volontez luy tenoient lieu de loix & de
commandemens inuiolables. Là il apprit que Monseigneur desiroit marier
sa Niece Mademoiselle de saincte Croix a l’vn de ses gens, auquel il
vouloit faire du bien, & qui se rendoit assez considerable par le choix qu’il
auoit fait de sa personne pour meriter sa faueur. Comme la response à cette
proposition ne dependoit que du consentement des Parens de la Fille
qui n’estoit pas alors en vn aage, où elle peust auoir d’autres volontez.
La Palu & la Morandiere furent enuoyez auec Monsieur de Glatigny
pour entendre la demande qu’on leur vouloit faire, & rapporter la
response qu’ils auroient renduë sur vne proposition qui leur deuoit estre
tres-auantageuse en apparence. On leur propose d’abord vne charge de
cent mille liuvres pour N. & quarante mille [3 mots ill.] pour acheter