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Mazarinade n° C_3_31

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Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : C_3_31.


n’eust la mesme fin ; & la fureur se porta si auant que l’on esgorgea
des Daciers iusques sur les Autels, comme des victimes
publiques. Sous Carles VI. toute la France ne fut-elle pas sur le
point de changer de Maistre, & quoy que les leuées, & contributions
se fissent auec quelques formes d’Estats, & pour la necessité ;
neantmoins le peuple faisant tousiours instance contre Maistre
Iean de Montaigu, Intendant des finances, autheur de nouuelles
Daces, l’on fut contraint de l’abandonner, & eut la teste
tranchée aux Hales, auec vne Doloire, quoy qu’il eust fait bastir
les Celestins & donné la grosse cloche de Nostre Dame. Mais à
quoy bon chercher des Histoires anciennes, puis que nous voyons
tous les iours par effet, la haine que les peuples portent aux Partisans,
n’y ayant presque point de Prouince, ny de Ville en France,
où l’on n’en ait massacré quelqu’vn depuis trente ans.
 
Imposts causes
de grãds
troubles.
Et ne sert de rien de dire que ceux qui l’ont fait en ont esté punis,
& que les Villes qui ont refusé d’obeyr aux ordres des Partisans superieurs,
ont esté traictées en ennemies par les gens de guerre
qu’on y a enuoyez pour viure à discretion, tesmoin la Ville d’Angers
l’an passé : il ne sert dis-ie rien de parler de la sorte, l’on ne
peut pas vaincre les sentimens, ny les volontez ; tel void vn
exemple de chastiment deuant soy qui espere estre plus heureux
dans le mesme crime, & le pouuoir euiter. Ce sont des secrets qui
se mesnagent en haut, & où nous n’y voyons rien.
Ie sçay bien qu’on peut encore repartir que quand les peuples se
sont sousleuez, l’on a sceu prendre le temps, & les chastier à propos,
que les vrais Politiques dissimulent pour quelque temps,
iusques à ce que cette beste indomptable, ait poussé son plus
grand effort ; que ce seroit ietter de l’huile dans le feu, que de
vouloir chastier vn peuple quand tout conspire à la reuolte,
mais qu’on luy cede quelque chose en apparence, pour luy
ferrer apres plus fortement la bride, & luy donner de l’esperon,
que les Rois ne sont iamais chiches d’accorder à leurs
subjets ce qu’ils veulent en cét estat-là, parce qu’ils n’en tiennent
rien s’ils ne veulent ; si bien qu’apres tout les rebellions
causent vne perte inévitable à des subjets. Quand i’aduouërois
tout cela, c’est presenter à des peuples animez vn mauuais miroir,
que de leur faire voir qu’il n’y a iamais eu de seureté à s’accommoder
auec les Rois ; car qui est-ce qui ne void que pour éuiter
pareil chastiment, il n’y a rien qu’on ne fasse ? quand ce seroit auec
la plus grande iniustice du mõde, qu’on détrôneroit les Rois legitimes,
neantmoins cette consideration ne touche point à l’égal
de la peine qu’on se represente qu’il faut souffrir ; & l’ou se iettera
plustost entre les mains d’vn Barbare, & d’vn Ennemy, que de