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Mazarinade n° A_5_23

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Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : A_5_23.


est la mesme qu’elle estoit ; le Roy à present regnant l’a euë par
par succession En ce temps-là l’on ne leuoit rien sur les subjets que
par leur consentement, & auiourd’huy on leur rauit tout ce qu’ils
ont en depit d’eux. Considerez cecy infames Partisans, & cessez
de vous vouloir faire passer le gouuernement de France pour despotique.
 
Quel tribut
l’on doit au
Roy.
Quand ie
parle des
peuples, ie
n’entends
pas les particuliers :
mais les
Estats &
les Parlemens
qui
font pour le
peuple.
Ce sont-là les leçons que la Reine deuroit faire apprendre au
Roy son fils ; elle deuroit luy representer par ces exemples qu’il
ne doit pas abuser de son authorité, & que les Tailles qui montent
auiourd’huy à des sommes si excessiues ne luy sont point
deuës selon les loix du Royaume, & que iamais les Rois ses predecesseurs
ne les ont leuées que par violence, ou par tolerance. Il
est vray que c’est là vne science que nous ne sçauons point auiourd’huy,
où nous sommes si accoustumez à l’esclauage que nous ne
pouuons croire que nos peres ayent iamais esté libres ; mais qu’elle
luy apprenne s’il luy plaist que ce n’est pas le plus seur pour vn
Roy que de tenir ses subjets en bride par la violence des extorsions ;
car en pensant leur oster les moyens de se rebeller, on ne
captiue pas leurs volontez pour cela, & tost ou tard, à la moindre
esperance de mieux, ils secouënt volontairement le ioug, sans
auoir égard, ny à serment, ny à respect. Qu’elle luy fasse voir
que les inuenteurs de nouueaux imposts ont eu pour l’ordinaire
des fins fort tragiques, & que les Roys n’ont pas esté exemps du
bouleuersement, tant en leurs personnes qu’en leurs Estats : car
sans parler des notes d’infamie, dont les peuples marquent la reputation
des Princes pour tel sujet, comme firent les Romains à
l’endroit de leurs Censeurs Liuius & Claudius, qu’ils nommerent
les Sauniers pour tesmoigner la haine qu’ils leur portoient, qu’elle
sçache qu’Acheus Roy des Lydiens, fut pendu par ses subjets,
les pieds en haut & la teste en la riuiere, à cause des subsides qu’il
vouloit exiger. Philistus fut en partie cause de la haine que les
Syracusains conceurent contre Denys le Ieune, leur Tyran, & finalement
de sa perte, à cause des exactions violentes qu’il exerçoit
sur eux. Au commencement de cette Monarchie vn nommé
Procletes, fut lapidé par les habitans de Treues, pour auoir conseillé
au Roy Theodebert de charger ses subjets de nouueaux subsides :
le mesme mal-heur enseuelit Theodoric Roy de France, &
luy fit perdre sa couronne. Il n’y a pas vn siecle que Georges Preschon
fut cruellement executé a mort ; & que Henry Roy de Suede,
dont il estoit le Gouuerneur fut chassé de son Estat pour le mesme
sujet. Nos Histoires nous marquent vne infinité de pareils
exemples. Du temps de Charles V. surnommé le Sage, l’on massacra
deux Mareschaux de France, & peu s’en fallut que le troisiesme