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Mazarinade n° A_5_23

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Anonyme [1649], LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS ESCRITE PAR VN PROVINCIAL. , français, latinRéférence RIM : M0_1837. Cote locale : A_5_23.


[1 ligne ill.]
ces Dieux Consentes, sans lesquels les Rois ne peuuent rien faire
de iuste ny de consequence dans le gouuernement de leurs peuples,
que vous deuez estre l’Azile & les Genies tutelaires de toute la
France, la Lumiere des bonnes mœurs, & les Maistres de l’equité ;
que vous estes les premiers mobiles qui faites mouuoir toutes les
Prouinces par le contrepoids de vos iugemens, & que vous les emportez
par rapidité : En vn mot, que vostre Compagnie doit estre
composée de tout ce qu’il y a de meilleur & de plus excellent en
tout le Royaume, puis que de vous dépend toute la Iustice qui s’y
exerce. Aussi n’y a-t’il personne qui vous dispute ces qualitez, toutes
les Villes & les Prouinces se rendent obeïssantes à vos Arrests ; &
tous vos Freres des autres Parlemens ne parlent de vous qu’auec
des respects qui vous sont deus, & par vostre merite, & par le droict
d’aisnesse & de primogeniture ; si bien qu’il vous est tres-facile maintenant,
& ie dis dauantage, vous estes obligez de reprendre vos premieres
brisées, & de rentrer dans la glorieuse ioüissance de tous vos
droicts & priuileges, pourueu que vous soyez aussi genereux & constans
à les poursuiure, que les Prouinces sont disposées de vous assister
de ce qui vous sera necessaire.
 
La seconde chose que nous remarquions pour estre la cause de nos
malheurs, est la venalité de vos Charges ; elles ne deuroient estre que
des recompenses d’honneur & de merite, comme elles estoient autrefois ;
& neantmoins elles sont montées à des sommes si excessiues,
que la perte d’vne seule emporte bien souuent auec soy la ruine
totale d’vne, & par fois de plusieurs familles. De la vient que pour
vous en exempter, vous estes contraints de les rachepter par la Paulette,
& de verifier tous les Edicts que la tyrannie des Ministres
vous enuoye, pour la crainte que vous auez ou de les perdre tout à
fait, ou d’en estre du moins interdits : ou bien s’ils n’osent pas tousiours
se porter à ces excés de violence, & qu’ils vous trouuent dans
vne ferme resolution de ne rien passer à l’oppression du peuple, ils
taschent de gagner les vns d’entre vous par des pensions, & les autres
par de belles esperances, sappans ainsi les fondemens de vostre
Authorité, suiuant les erres & l’instruction du Cardinal de Richelieu,
ingenieur, mais detestable artisan de tous les maux que nous
souffrons, & dont la tyrannie insupportable iointe à l’esclauage que
quelques vns des vostres voulurent subir sous ce superbe Fauory,
donna lieu à empieter sur vous, & à faire de la France comme d’vne
terre de conqueste. Et toutesfois n’en pouuant encore auec tout
cela venir à bout, parce qu’il se trouuoit tousiours nombre de braues
hommes qui s’opposoient vertement à ses damnables desseins,
il donna telle impression d’eux au Roy defunct de la facilité duquel