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Mazarinade n° A_1_60

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Anonyme [1649], EXTRAICTS DES REGISTRES DE PARLEMENT, contenans la Harangue faite au Roy & à la Reyne Regente par Monsieur Talon, Aduocat General, Auec son rapport audit Parlement, de la response de leurs Majestez. Ensemble la Lettre de l’Archiduc Leopold, Les Propositions de l’Enuoyé de sa part, & Arrestez sur ce sujet de ladite Cour. Du 19. Febuier 1649. , françaisRéférence RIM : M0_1356. Cote locale : A_1_60.


des Gardes de Monsieur le Mareschal de Grandmont, qui
les attendoit, & ledit Sieur Mateschal de Grandmont en personne,
lequel mit pied à terre & entra dans leur carrosse auec beaucoup
de ciuilitez, puis les conduisit à Sainct Cloud dans son logement,
leur donna pour quelque temps le couuert, à cause de l’iniure du
froid & de la neige, & puis fit monter à cheual sa compagnie des
Gardes, qui les conduisit iusques à Ruel, auquel lieu ils trouuerent
vne nouuelle escorte de Cheuaux-legers du Roy, qui les conduisirent
à Sainct Germain, auquel lieu ils descendirent chez Monsieur
le Tellier, Secretaire d’Estat, lequel leur bailla son carrosse
pour aller chez Monsieur le Chancelier, auquel ils firent entendre
le sujet de leur deputation, & le prierent de demander leur audience
à la Reyne, laquelle ils attendirent iusques à sept heures du
soir, auquel temps ils furent aduertis par le Sieur Sainctot, qui les
conduisit au Chasteau, & trouuerent la Reyne dans son Cabinet
assise, & proche d’elle tout le Conseil assemblé : Et apres l’auoir
saluée, ils luy dirent ; MADAME, Vendredy dernier, lors que le
Parlement estoit assemblé en la maniere accoustumée, il fut aduerty,
qu’vn Herault reuestu de sa cotte-d’armes & de ses autres
habits de ceremonie, demandoit à entrer dans la Ville pour parler
à la Cour de la part de vostre Majesté ; Cette nouuelle impreueuë
surprit toute l’Assemblée, iusques à ce qu’y ayant esté fait quelque
reflexion serieuse, ils estimerent que cette action estoit vne tentatiue,
Que vostre Majesté vouloit esprouuer la fidelité de ses Subjets,
sçauoir quelles estoient leurs pensées & leurs inclinations en
ce rencontre ; s’ils ne s’estoient point mesconnus, & s’ils voudroient
bien traiter auec le Roy leur Maistre, autrement que des Subjets
ont coustume de receuoir les ordres de leur Souuerain : de sorte que
lors qu’ils ont differé, ou plûtost qu’ils n’ont osé receuoir le Herault
qui leur estoit enuoyé, ç’a esté par respect, pour tesmoigner
l’obeïssance & la sousmission qu’ils reconnoissent deuoir à vostre
Majesté, sçachant bien que des personnes de cette condition ne
s’enuoyent qu’à des Souuerains, ou à ceux qui le pensent estre,
lors que ne pouuant faire connoistre leurs volontez par les voyes
communes, & ordinaires, ils sont obligez de se seruir de ces Truchemens
publics, lesquels estans porteurs de marques extraordinaires,
le droict des gens & le consentement de tous les Peuples les authorise.
Mais ja à Dieu ne plaise, Madame, que nous soyons en cét
estat, & que la pensée de vanité, ou l’esprit de domination, nous soit
monté dans la teste, & que nous ayons d’autres inclinations que celles
que doiuent auoir de tres-humbles Subjets & Officiers de vostre
Majesté, lesquels par cette consideration se sont abstraints d’écouter
le Herault qui leur estoit enuoyé, de crainte qu’il ne leur fust