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Mazarinade n° B_11_29

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Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.


rentré dans vostre Royaume, que pour persecuter les Princes qui
auoient gagné ce qu’il pert en les voulant perdre, ne se souciant pas
que les anciens ennemis de la France la pillent lors qu’il y met le
feu pour en chasser s’il peut les enfans de la maison, qui ont souuent
exposé leur vie pour vous acquerir de la gloire, comme si ce n’estoit
pas assez de faire perdre les fruicts de leurs genereuses
conquestes, s’il ne destruisoit encore leurs personnes.
 
SIRE, il n’est pas en nostre pouuoir d’exprimer les rares
merites, & les grandes actions de Monsieur le Duc d’Orleans
vostre Oncle ; Nous ne dirons pas que les plus importantes prises
des places durant vostre Minorité, ont esté les effects des sages
Conseils, soings, vigilance, courageuses entreprises, veritables
affections & respects pour vostre Personne & le bien
de vostre Estat ; Nous ne pouuons passer sous silence les combats
de Monsieur le Prince de Condé, la terreur de vos armes
qu’il a portée sur l’Escaut, sur le Rhin, sur le Danube & ailleurs.
Il semble maintenant, SIRE, que tout cela soit effacé
pour faire triompher de ces Princes vn Estranger, qui ayant
esté chassé par vos Declarations, reuient pour prendre le gouuernail
de vostre Royaume, ayant obligé les plus sages Pilotes
à se retirer, lors qu’ils ont veu qu’il venoit auec resolution
d’employer vostre authorité & vos forces, pour venger ses querelles
particulieres, & pour se rendre maistre de vostre Estat, en
s’emparant de vostre Personne.
Vostre Majesté sçaura vn iour ce que luy couste l’entreprise
d’Orbitelle, de Piombino, de Portolongone, & de Naples ;
où le Cardinal Mazarin vouloit s’establir des retraites, & s’acquerir
des Souuerainetez, se defiant de sa mauuaise destinée, toutes
ses pretentions ne nous ayant comblez que de perte & de
honte.
Pour descouurir ses maluersations dans ces guerres d’Italie, il ne
faut voir que les liures de Cantarini, qui verifieront qu’on a enuoyé
en ce pays-là plus de trente-six millions de liures, sans auoir
fourny estat valable de l’employ.
Considerez, s’il vous plaist, SIRE, combien de Sang & de Finance
la France a perdu, pour n’auoir à la fin que de la confusion
procurée par les imprudences & mauuais desseins du Cardinal
Mazarin : C’est dequoy, SIRE, Nous supplions tres-humblement
vostre Majesté rendre la justice à vos Sujets, & à vos Voisins,
qui se plaignent des pirateries que le Cardinal Mazarin a commandées