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Mazarinade n° B_11_29

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Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.


perdrions auec la conscience le iugement, & serions plus aueuglez
qu’vn Sanson, si nos mains esbranloient les Colonnes qui soustiennent
la voûte qui nous couure, estant certain que sa cheute nous
accableroit auec nos familles, nos amis & nos biens.
 
Serions-nous bien si mal-heureux qu’il peust entrer dans vostre
esprit, que le Cardinal Mazarin, qui est vn Estranger, passant par
vostre Royaume pour butiner, fut plus zelé pour la dignité & perpetuité
de vostre Monarchie, que nous qui auons l’honneur d’estre
François, & vos principaux Officiers, ayant nos fortunes & celles de
nos enfans attachées à la grandeur de vostre Royauté ?
Serions-nous bien si peu aduisez de croire qu’vn homme de cette
condition, ignorant nos mœurs & nos Loix, fust capable de nous instruire
sur les droicts de vostre Couronne, & de nous monstrer les
bornes de nostre affection & fidelité à vostre seruice, luy qui n’a pris
aduis d’aucuns sages, ny preueu l’aduenir, qui est tout ce qu’vn Ministre
aduisé doit considerer, sçachant bien qu’en trauaillant pour vn
Royaume, il trauaille pour l’éternité, sans limites de temps, qu’il ne
faut iamais prescrire aux Monarchies ?
Le Cardinal Mazarin a fait paroistre qu’il ne regardoit point
l’aduenir, lors qu’il a voulu continuer les guerres, & pour les entretenir
a employé les derniers efforts, espuisant la France de soldats &
de Finances, sans aduiser si ces deux choses venoient à manquer, qu’il
seroit contraint de consentir à vne Paix honteuse, ou de ceder à la
haine publique, qui s’esleueroit contre luy, pour auoir perdu l’occasion
de conclurre vn Traité aduantageux & honnorable à la France,
comme celuy qui estoit projeté & sur le point d’estre signé à
Munster, qui auoit esté rompu par le Cardinal Mazarin, qui ne
pouuant diuertir ses yeux de ses interests, ne voulut iamais consentir
la paix. Le mal est venu de ce que le Cardinal Mazarin s’est tousjours
imaginé qu’il ne trouueroit plus de seureté dans les troubles,
qui le maintiennent en plus grand lustre, & le rendent plus necessaire,
s’estant emparé du commandement & de la puissance des armes.
Nous voyons maintenant qu’il a causé tant de desordres, que nous
sommes dans les guerres Estrangeres & dans les domestiques ; Que
nous auons perdu plusieurs places qui nous estoient laissées par les
Traitez qu’il a rompus. Les Espagnols ont cette obligation au Cardinal
Mazarin, que non seulement il leur a rendu les Conquestes
qu’il croyoit estre siennes, mais encore celles qui auoient esté faites
soubs le Regne du deffunct Roy vostre Pere ; & ce qui est plus
estonnant, c’est qu’il employe maintenant vostre puissance, & n’est