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Mazarinade n° B_11_29

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Anonyme [1652], EXTRAICT DES REGISTRES DV PARLEMENT, CONTENANT Ce qui s’est passé pour l’esloignement du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1351. Cote locale : B_11_29.


pour entretenir les guerres & empescher la paix, ny la resolution
qu’il prit sans sujet de faire perir par la faim dans vostre bonne Ville
de Paris deux millions de personnes, ayant contraint la capitale de
vostre Royaume à prendre les armes pour sa deffense naturelle, &
pour chercher du pain ; ce qui donna à vos voisins vne tres-mauuaise
impression du Gouuernement de vostre Minorité ; toute l’Europe
ayant sceu que ce siege auoit esté entrepris par l’indignation
d’vn Estranger, qui vouloit faire finir par le plus cruel de tous les
fleaux de Dieu les Bourgeois de cette grande Ville.
 
Mais se falloit-il estonner si le Cardinal Mazarin estranger n’auoit
point de bien-veillance pour la France, dans laquelle il ne s’estoit arresté
que pour esleuer sa fortune aux despens de vos Sujets, Il les a
traittez en Barbares, s’estant imaginé qu’il les auoit conquis. Il s’est
seruy de l’industrie des Partisans, qui s’estant rẽdus ses tributaires, gardoient
pour vn temps ce qu’ils luy donnoient pour le faire valoir,
& luy rendre compte du principal qui estoit grand, & de l’vsure qui
estoit excessiue. Ainsi Vostre Majesté souffroit vn double larcin, &
vostre pauure peuple, qui payoit tout, estoit doublement surchargé.
Cét homme instruict par des mauuais François contre la France, a
continué cét infame trafic tant qu’il a esté en credit, ayant esté interrompu
par son absence, la passion des Partisans s’est imaginée qu’on
leur rauissoit ce qu’ils ne pouuoient plus desrober, & les a portez à se
rendre les plus ardans solliciteurs du retour de leur Protecteur.
La France a souffert ces desordres auec plus d’impatience en vn
Estranger, qui deuoit considerer que cette qualité luy commandoit
la retenuë & la discretion, qui esloignent l’enuie & la haine dont ordinairement
sont accompagnées les puissances arriuées à vne hauteur
demesurée ; personne ne pouuant voir, qu’auec extrême regret,
vn Sicilien se seruir sous vostre nom d’vne puissance absoluë, estant
dépourueu de tout ce qui est necessaire pour bien gouuerner vn
Estat.
Pour faire voir cette verité, nous n’alleguerons pas sa naissance parmy
vne nation ennemie de la nostre, & qui nous a fait sentir autres
fois sa fureur & sa trahison par les Vespres Siciliennes.
Mais nous sommes obligez de representer à Vostre Majesté sa mauuaise
conduite, lors qu’il a exercé les voyes de rigueur enuers vos Sujets
de toutes conditions, ayant fait emprisonner les Duc de Beaufort,
Mareschal de la Mothe, & le President Barillon, & transporté les deniers
hors du Royaume où il finit ses iours. Arrester & chasser plusieurs
Officiers de vos Cours Souueraines, causé les disgraces de ceux qui
auoient seruy & consolé la Reyne vostre Mere, troublé la joye publique