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Mazarinade n° C_11_30

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Anonyme [1651], LES SERVICES QVE LA MAISON DE CONDÉ A RENDVS A LA FRANCE CONTRE LES CALOMNIES des Partisans du Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3666. Cote locale : C_11_30.


de leurs joyaux, & soüillerent les monuments de nos
Roys & des Saincts Martyrs, & qu’à present tous les iours les Prouinces
ne se plaignent d’excez plus estranges. Mais s’il y a lieu de
s’estonner que la malice de cet impudent calomniateur pour noircir
de si belles vies, renouuelle la memoire des guerres ciuilles dont
nous deurions plustost couurir les cicatrices que les rafraichir pour
ne detester plus l’ambition des Chefs de la ligue qui s’establissoient
par les infidelitez du Conseil fous la Regence d’vne italienne,
& les aduersions qu’ils fomentoient contre les Princes du
Sang, que toutes les pratiques de cette puissante cabale tendoient
à supplanter. Il faut aussi confesser que Dieu permet qu’elle se
confonde en faueur de Monsieur Prince, puis qu’on ne peut parler
des Batailles que Louys Prince de Condé a données contre les
trouppes du Roy, bien que souuent excite & fauorise en secret mesme
par la Reyne sa mere qu’on ne se souuienne aussi des importants
& memorables seruices d’vn autre ayeul de Monsieur le Prince,
le grand Anne de Montmorency Connestable de France qui
marcha tousiours dedans le mesme chemin qu’à tenu son petit fils.
Comme luy pour maintenir l’authorité Royale, & conseruer les
Ministres, il abandonna les propres interests de sa Maison, se joignit
aux ennemis qui le supplantoient, & tesmoigna iusqu’au dernier
souspir, cette ferme, ardente & immuable fidelité qui viura
eternellement dans le cœur de tous les bons François, & dont la
flame brille encore sous le monument ou son cœur repose dans le
sein de celuy de Henry II. Son bon maistre.
 
C’est ce grand Connestable qui apres auoir seruy quatre Roys
en la charge de premier Officier du Royaume eut l’honneur de
mourir en presence de Charles IX. de toute sa Cour & de la ville
capitale, quasi aux yeux de toute la France pour deffendre la religion
de nos peres, & cette mesme puissance qui persecuttoit tous
ces proches, & versa par huict playes en l’aage de quatre-vingt ans
vn sang que la vieillesse n’auoit pas tant glacé que son courage ne
le r’enflamast.
Si Louys Prince de Condé n’eut pas vne si heureuse fin, il n’auoit
pas vne moindre valleur qui fut tellement accompagnée des
autres parties d’vn grand Prince, qu’on dit de luy qu’il n’a iamais
cedé à personne en hardiesse ny en courtoisie, esgalement iudicieux,
vigoureux, liberal & modeste.