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Mazarinade n° C_6_26

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Anonyme [1649], LES MOTIFS DE L’VNION DV BOVRGEOIS DE PARIS, AVEC LE PARLEMENT, REPRESENTEZ A LA REYNE, Seruans de response aux Libelles jettez dans Paris. Où est descouuerte la fausse Politique des deux Ministres Cardinaux. , françaisRéférence RIM : M0_2500. Cote locale : C_6_26.



Aussi, Madame, nous sommes-nous gardez de ces appas : Premierement, parce que
l’auersion naturelle, que nous auons pour la conduite Estrangere, fait que nous tenons
pour suspect tout ce qui vient de la part de cet Espagnol Italianizé, & que nous ne pouuons
plus souffrir les maximes de son ministere, & cette repugnance sans doute doit estre
cherie de nos Rois, puis qu’elle ne procede que de l’affection inuiolable que nous conseruons
pour eux, de la quelle la France à tousiours esté si religieuse, qu’en establissant
ses Loix dés le commencement de la Monarchie, elle a cherché toutes sortes de precautions
pour faire en sorte que le gouuernement demeurast perpetuellement entre ceux
de sa Nation : & cette regle n’a iamais souffert d’exception qu’és personnes des Reines,
comme vous, qui pendant la minorité des Rois qu’elles auoient donné à la France, ont
tenu les rennes du Royaume sous le nom de Regence : parce que nous auons creu que l’amitié
naturelle qu’elles doiuent à leurs Fils, & l’alliance si estroite qu’elles ont contractée
auec le Royaume, seroient plus fortes & préuaudroient à l’affection de leur païs, ce qui
n’a iamais souffert d’autre alteration : d’où vient que nos Rois n’ont iamais refusé de nous
rendre Iustice toutefois & quantes qu’il s’est trouué que des Estrangers par leurs artifices
s’estoient de trop prés approchez de leurs personnes, & obtenu les premieres places du
Royaume.
D’ailleurs, Madame, nous ne nous sommes iamais pû persuader que tant de signalez
personnages qui remplissent les places de cet illustre Parlement, ausquels nos Rois
ont confié tant d’authorité, de laquelle ce Senat a tousiours si bien vsé, & que vous auez
vous mesmes recogneuë, puis que vous tenez d’eux ce que vous estes, & que le titre de
Tuteurs du Roy leur demeurera autant de temps qu’à vous vostre qualité de Regente,
fussent capables de tant de laschetez, dont on nous les a voulu faire paroistre coupables
enuers leur Prince & leur Seigneur.
Ce fut pourquoy nous ne pûsmes adiouster aucune creance à la lettre que ce Ministre,
abusant du nom & de l’authorité du Roy, enuoya en cette triste iournée qui nous separa
de nostre Prince, pour nous persuader qu’vne partie de ce grand Corps estoit coupable
du plus grand crime dont on l’a pû accuser : recognoissans fort bien que c’estoit vne suite
de ses artifices pour nous exciter à perdre auec luy ce Parlement, qui s’estoit monstré seul
capable d’arrester le cours des brigandages, qu’il exerçoit dans les Finances & les affaires
d’Estat, sous pretexte de les administrer vtilement : Et de faict, ce sage Senat nous
en sceut faire paroistre la verité quand il enuoya vers vous Messieurs les Gens du Roy,
pour sçauoir les noms de ceux qui d’entre eux on accusoit d’vn si detestable crime, pour
en tirer eux-mesmes la vengeance que meriteroit vne entreprise de cette qualité, en cas
qu’elle se trouuast veritable : Mais ce Ministre, dont la Politique ne s’estend pas bien
loin, se trouuant court en ce rencontre, aussi bien qu’en beaucoup d’autres, fut contraint
d’aduoüer par son silence, la supposition de cette calomnie, & qu’il ne pouuoit oster
à ce Parlement l’honneur dont il s’est tousiours monstré jaloux, d’estre inuiolablement
fidele à son Prince.
Si du depuis par des declarations & des manifestes de ses pretenduës intentions qu’il a
fait courir en cette ville, il a tasché de nous faire voir son merite, & l’obligation que nous
auions à sa conduite, d’auoir depuis qu’il s’est entremis dans les affaires d’Estat obtenu par
son moyen & son bon conseil tant de signalées victoires, forcé vn si grand nombre de
villes, & reduit les Espagnols à desirer vne paix desaduantageuse pour eux, qui seroit en
estat d’estre concluë, n’estoit les empeschemens que Messieurs du Parlement out apporté
par leurs frequentes Assemblées, auec aduancement des affaires d’Estat.
Ce discours, Madame, ne nous a point esté moins importun que le premier, & auons