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Mazarinade n° B_9_32

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Anonyme [1652], LES ENTRETIENS DE S. MAIGRIN ET DE MANZINI, AVX CHAMPS ELISIENS. Et l’arriuée du Duc de Nemours au mesme lieu, Auec la description de l’appartement qu’on prepare à Mazarin dans les Enfers. , français, latinRéférence RIM : M0_1251. Cote locale : B_9_32.


bras qu’elle armoit les vns contre les autres, ainsi que
ses diuerses Testes s’efforçoient de s’entre-deuorer. Toutes
les maladies sous figure de diuerses sortes de reptiles, auoiẽt
leur giste aux deux costez du Pont, & la peste qui portoit le
titre de Reyne en cét endroit où elle a son Trosne, y rampoit
en forme de Basilic, & auoit la place la plus proche du
Temple de la mort, dont les Tours qui sont a l’autre bout
de ce Pont luy seruent de fort. Nos pauures pelerins y surent
offrir leur chandelle à son image faite en vieille Diablesse, &
en sortirent par vne fausse porte, qui n’est qu’a six pas de la
loge de ce maudit Cerbere, qui veille perpetuellement à
l’entrée de la basse cour des Enfers. Cet affreux mastin à les
voir d’abord enfla ses trois gosiers à la fois, pour ietter vn
aboy plus horrible, & fit dresser toutes les couleuures qui
seruent de poil à sa hure de loup garou. Manzini qui n’auoit
point encor veu de monstre pareil, crût qu’il estoit
sur le point de luy seruir de gorge chaude : mais le Genie
en vertu de certain mot Arabe qu’il dit à ce monstre, le fit
taire incontinent, & fit que cachant toutes ses couleuures,
il se coucha de son long dans son antre, pour les
laisser passer. Ainsi que firent la Dame Tysiphone & les
autres Furies, qu’ils rencontrerent sous la voûte du grand
Portail de la forteresse interieure, auec leurs torches ardentes
& leurs fouets à la main. Ils virent en passant diuerses
especes de supplices, & entendirent fort distinctement
les cris des miserables qu’on mettoit à la gesne, dans
les cachots voisins. Ils sceurent où estoient les diuers appartements
des Parricides, des Sacrileges, des Meurtriers,
Voleurs, Concussionnaires, Mauuais Iuges, Traistres Apostats,
Bougerons, Imposteurs, & connurent que le plus
cruel enfer de tous estoit celuy des Tyrans, qui surent
Marchands meslez comme Mazarin. Ils arriuerent enfin à
ce quartier, où ils virent proche de ce fort des Lutins de
plusieurs sortes, dont les vns faisoient des foüets à plusieurs
cordes, ausquels ils mesloient des pointes de clouds
bien acerées : D’autres qui versoient de l’huyle boüillante