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Mazarinade n° C_7_77

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : C_7_77.


contre leur gré. La Royauté se gouuerne par la raison, la Monarchie
à discretion, & selon la conuoitise du commandant : La fin de la
Royauté c’est l’vtilité commune : La fin du Monarque c’est la sienne
particuliere. Aristote le Roy des esprits & du raisonnement humain,
dit que le gouuernement monarchique, c’est à dire d’vn seul, est bestial
comme celuy du Roy des abeilles, qui les regit sans conseil.
Que la Royauté c’est vn gouuernement propre des hommes, qui s’administre
par conseil & par communication de l’aduis des personnes
bien sensées. Ciceron le Prince des Philosophes Latins aussi bien que
des Orateurs, dit apres Aristote, & auec le consentement de tous les
Politiques, que les peuples ont esleu les Roys pour leur faire iustice,
& pour les proteger ; Pour cet effect qu’ils ont choisi les plus vertueux
& les plus sages : Et quand Ciceron, Polybe, & Aristote ne l’auroient
pas dit, peut-il entrer dans le sens commun qu’on en aye peû vser
autrement ? Ces mesmes grands Genies nous disent que les gouuerneurs
des peuples & des Republiques soient-ils Roys, Empereurs,
Electeurs, Consuls, ou qualifiez de tels autres noms qu’on voudra,
ne doiuent point estre considerez autrement que comme sont les tuteurs
à l’esgal de leurs pupilles. Vt tutela, sic procuratio rei publica, ad
eorum vtilitatem qui commissi sunt, non ad eorum quibus commissa esi,
referenda est. Cic lib. 1. Officiorum. Cet oracle est si vtile, si beau, &
d’vne verité si indubitable, qu’il deuroit estre escrit dans tous les
Palais des Princes, dans tous les Auditoires de Iustice, & dans toutes
les Chambres du Conseil public. Fabius Maximus, au rapport
de Tite-Liue, sur ce que le ieune Scipion vouloit passer son armée
en Afrique contre le consentement du Senat, auança son aduis en
ces termes ; l’estime, Peres Conscripts, que Scipion a esté oreé Consul pour
le bien de la Republique, & pour le nostre, & non pas pour le sien particulier.
Le mesme se peut dire de tous ceux à qui on donne le commandement
pour gouuerner vne nation, de quelques noms qu’ils soient
honorez. Et comme ce Consul ou ce Dictateur est obligé d’agir & de
regir par iustice pendant son année, ou ses six mois ; le Roy pareillement
est obligé d’administrer iustice pendant tout le cours de sa
vie & de son regne. On ne les a iamais esleus sous d’autres conditions :
& il ne peut pas tomber dans le sens de qui que ce soit, que
iamais vne Communauté, pour barbare qu’elle aye pû estre, se soit
formé vn Chef pour en estre affligée & gourmandée. Cela estant