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Mazarinade n° B_11_35

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Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.


Angleterre, pourquoy n’auez-vous pas empesché le
Roy de tomber tout à fait.
 
le Cardinal. Ne vous ay je pas desia dit, que nous n’auions
excité leurs troubles que par vengeance, & puis
que me fust il reuenu de tout cela ? Les Parlementaires
de Londres m’ont plus donné d’argent, que leur Maistre
n’en maniera de long temps.
Response. Mais ne trouuiez vous pas, Monseigneur,
que la cheute du Roy d’Angleterre fust de mauuais
exemple aux autres peuples ?
Le Cardinal.Tout au contraire, j’estois bien-aise, que
les Monarques de l’urope connussent, que les clous de
diamant qui soustiennent leurs Throsnes, ne sont pas
à l’espreuue des coups de la fortune, que ie m’en jouë
comme du verre, que mes alliances valent bien des
Couronnes, que les Sceptres tombent si ie ne les soustiens.
Et enfin qu’ayant osté la Couronne au Roy
d’Angleterre, & laissé au Roy d’Espagne, celle que ie
luy pouuois oster, ie fisse connoistre à la France la necessité
de mes conseils, pour defendre la sienne de semblables
iniures.
Response. Mais il me semble, Monseigneur, que vous
auez estendu cét absolu pouuoir, que vous auez sur les
Sceptres, dessus la France, où vous vous joüez à present
de la Couronne de nos Roys, comme vous auez
fait de celle d’Angleterre, non pas par vne jalousie de
Religion, qui n’est qu’vn mal de teste, mais par vn mal
qui donne la mort & qui tient au cœur, ie veux dire par
la plus cruelle oppression qui fut iamais. Si les effects
ont de la proportion auec leurs causes, nostre mal doit
estre bien plus furieux que celuy d’Angleterre, & si les
François n’estoient pas affectionnez comme ils sont, à
l’innocence de leur Roy, vous exposeriez beaucoup
plus sa Couronne, que celle d’Angleterre ne l’a esté,
qui a pû le restablir en consentant à l’establissement de
Caluin sur les ruines de Luther. Le mal de la France