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Mazarinade n° B_13_14

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Anonyme [1649], LES CALOMNIES DV CARDINAL MAZARIN REFVTEES, ET REIETTEES SVR SON EMINENCE. , françaisRéférence RIM : M0_618. Cote locale : B_13_14.


auquel Dieu, qui tient le cœur des hommes dans ses mains, les
portera à des pensées de Paix & de Iustice. Adjoustons vne puissante
raison à toutes ces differances, qui fera toucher au doigt la Iustice & la
sincerité de nos Parlemens.
 
La raison pour laquelle la Monarchie est tombée en Angleterre,
est que les deux puissances qui la soustiennent d’ordinaire, luy manquoient,
sçauoir l’Eglise & la Noblesse, elles estoient bien du costé
du Roy d’Angleterre, mais il en eut tiré plus de seruice si elles eussent
esté de l’autre, comme elles sont dans les troubles d’apresent. La
grande faute que les Roys d’Angleterre ont faite, est d’auoir vny
dans vn mesme Chef la Souueraineté Spirituelle & la Temporelle,
parce que l’vne tombant, elle entraisne de necessité l’autre dans sa
ruine ; Là où chez les autres Princes Chrestiens, ces deux puissances que
Dieu luy mesme a si clairement distinguées, se supportant l’vne l’autre,
il est impossible de les faire trebuscher ; Les Princes soustenant
l’Eglise par la force du bras Seculier, & l’Eglise soustenant les Couronnes
des Princes de ses benedictions, de ses remonstrances & de
ses anathemes. Aussi remarquons nous, que ceux qui ont destruit
les Monarchies, ont premierement sapé la Religion, comme il est
arriué à Geneue, en Hollande, en Angleterre & ailleurs ; apres la
Religion, ils exterminent la Noblesse, & degenerent enfin dans vne
democratie. Doncques rien ne dément si fort l’horrible calomnie du Cardinal
Mazarin contre les Parlemens, que l’vnion qu’ils ont auec ces
deux colomnes de la Monarchie, qui en ont iugé la ruïne infaillible,
s’ils se détachoient de la Iustice, qui est la gloire & l’appuy de
l’vne & de l’autre, de façon que si la Monarchie doit tomber, ce doit
estre entre les mains du Cardinal Mazarin, qui est destitué de ces trois
puissances qui la soustiennent, puis qu’il s’est renduë l’Eglise ennemie
par sa simonie & par ses impietés, la Noblesse par son insolence
& son ambition, & la Iustice par ses crimes & par ses iniustices.
La preuue de cela est aisée, puisque les Prelats arment pour le Roy
& les Parlemens. Que le Parlement de Paris a ouuert les bras à vn
Prince du Sang, frere du Chef de nos ennemis, qu’il court au deuant de
tous les Princes & Seigneurs qui veulent prendre part au dessein qu’ils
ont de restablir la gloire de la Monarchie, qui perissoit dans la ruine de
toutes les parties qui la composent, bien loing de chasser les Reynes
alliées au Sang Royal, comme firent les Anglois. Nous nous tenons
heureux d’auoir icy la Reyne d’Angleterre, & luy en donnons des tesmoignages
sensibles, par vne pension plus proportionnée à la misere
du temps, qu’à la grandeur d’vne si vertueuse Princesse.
I’adjousteray la jeunesse de nostre Roy, qui le rend innocent de tous
les attentats du Cardinal, qu’il detestera vn iour, plus que le Roy son