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Mazarinade n° A_3_35

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : A_3_35.


voye de fait, commettroit vne rebellion. Mais autre chose est quand
tout le peuple par vn mouuement, & par vn interest commun se
sousleue contre l’oppression ; car alors ce n’est plus vne rebellion, &
vne desobeyssance, c’est vn procez, dont la contestation se forme par
vne guerre, & la decision s’en fait par le sort des armes selon la volonté
de Dieu, qui est le souuerain du Roy & du peuple, & le dernier
Iuge d’appel. On demandera, & on trouuera estrange, comment il
se fait que ce qui est rebellion, & desobeyssance à vn particuliér,
quand il est entrepris par tout vn peuple, deuient vne guerre legitime,
veu que le plus ou le moins, selon la Philosophie, ne change pas
la substance. Il faut respondre que cette maxime est vraye aux choses
physiques, mais elle reçoit explication aux morales & politiques.
Et premierement toute desobeyssance n’est pas rebellion. Si le Prince
ou son Ministre ordonne quelque chose qui soit contre la loy de
Dieu ; le refus d’y obeyr n’est ny rebellion, ny crime : au contraire ce
seroit vn crime que d’y obeyr. Sperne potestatem, timendo potestatem, dit
sainct Augustin : C’est à dire, Tu peux impunément, voire mesme tu
dois mespriser le commandement de la puissance humaine pour satisfaire
à celuy du Tout-puissant. Secondement, si le Prince te fait
vn tel commandement qui de soy n’est pas contre la loy de Dieu,
mais neantmoins il est iniuste, parce qu’il est excessif : en ce cas-là c’est
le Prince qui peche, parce qu’il agit contre la loy de Dieu, qui
l’oblige à faire iustice : mais toy en l’executant tu n’offenses pas ; au
contraire tu en fais exercice de patience : Or cette patience est loüable,
& la resistance que tu ferois au contraire, seroit inutile, seroit de
mauuais exemple, & te seroit prejudiciable. En ce cas-là il faut que
tu obeisses : & le Magistrat qui agit sous l’authorité du Prince, ty
peut contraindre par amendes, par peines & emprisonnemens. Et
quoy que l’imposition soit excessiue & iniuste en soy, neantmoins
par relation au repos public que tu ne dois pas troubler par ton impatience,
il est iuste que tu subisses. Mais si la charge & la coruée est
vniuersellement imposée sur tous les habitans du païs, & que ne la
pouuans plus supporter, ils se resoluent de la refuser, & qu’en vengeance
de ce refus on procede contre eux par outrages & guerre declarée,
qu’on les affame, qu’on les massacre, qu’on viole leurs femmes
& leurs filles : La nature alors s’esleue contre le pretendu droict
ciuil, dont le Prince se veut préualoir, & presente le Bouclier de la