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Mazarinade n° A_3_35

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : A_3_35.


Royaux, Car tel est nostre plaisir, c’est vne legere objection, de laquelle
neantmoins tous les autres peuples nous font reproche, cõme
de la marque de nostre esclauage. Mais ceux qui sont tant soit peu
intelligens dans nos formalitez, sçauent que ces termes ne signifient
autre chose, sinon, Tale est placitum nostrum, Tel est nostre aduis, Tel est
l’aduis de nostre Conseil ; il dépend puis apres des Parlemens ou des
autres moindres Iuges d’examiner la iustice de telles Lettres, & de
les verifier si elles sont trouuées legitimes & raisonnables. Mais de
penser que ce mot de Car, soit vne causatiue, qui influë vn charactere
d’authorité aux Lettres, & qui tienne lieu d’vne raison ineluctable,
il n’y a point d’apparence ; & la pratique des Iurisdictions ordinaires
y resiste, qui refuse tous les iours des Lettres munies & fermées de
cette clause : Et c’est ce Car là qu’on pourroit iustement abandonner
à la correction des Docteurs de l’Academie, non seulement
comme inutile, mais comme de pernicieuse consequence. Or la premiere
Ordonnance où nous trouuons qu’il a esté mis en vsage, ç’a
esté celle de Charles VIII. de l’an 1485. par laquelle il defend les
habits d’or & de soye aux gens de moindre condition, & les reserue
pour la Noblesse : A la fin de cette Ordonnance il y adiouste : Car tel
est nostre plaisir. A la verité on ne peut pas dire que le Royaume de
France se peust plaindre d’vn tel Edict, & on pourroit bien le pardonner
à ce Roy-là, quand il n’auroit pas allegué d’autre raison : C’est
vne des confusions de nostre siecle, que les gens de neant s’habillent
& se meublent aussi somptueusement que les Princes, & qu’ils ne
leur laissent aucun discernement : Et ce n’est pas simplement vne
faute de bienseance que le luxe, mais c’est l’origine de toutes les
concussions, & de tous les vols publics.
 
Reuenons à cette Puissance Absoluë, & disons qu’elle n’est pas
compatible auec nos mœurs, soit Chrestiennes, soit Françoises ; Il
ne faudroit plus d’Estats ; il ne faudroit plus de Parlemens ; il faudroit
abolir le sacre de nos Rois, & le serment qu’ils font sur les sainctes
Euangiles, de rendre iustice, d’empescher les exactions, & de traiter
leurs subjets auec équité & misericorde : ce sont les propres termes
de la formule de leurs sermens. Nous n’auons pourtant pas faute
d’Escriuains, qui par le tiltre de leurs offices, & pour se monstrer extremement
fiscaux, portent cette authorité absoluë au delà de toutes
bornes, iusques à soustenir que les Rois peuuent dispenser de la