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Mazarinade n° A_3_35

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Anonyme [1649], EPILOGVE, OV DERNIER APPAREIL DV BON CITOYEN, Sur les miseres publiques. , français, latinRéférence RIM : M0_1264. Cote locale : A_3_35.


defense legitime contre la force & la violence, Vim vi de fendere omnes
leges, & omnia iura permittunt. Car alors le respect estant perdu de la
part du peuple, & le Prince s’estant despoüillé de toute charité,
& ne rendant plus iustice ny protection, la liaison mutuelle est
dissoute ; il n’y a plus ny Prince ny subjects, & les choses sont reduites
à la matiere premiere. Alors il arriue que la forme du gouuernement
se change totalement, car ou la Monarchie passe en Aristocratie,
ou en estat populaire : ou bien si les peuples ne sont pas entierement
dégoustez de la Royauté, ils la transferent à vne autre famille,
ou ils se sousmettent à vne autre Nation plus puissante, & reglée
par de meilleures loix. Ainsi les Hollandois se mirent en estat populaire ;
ainsi les villes subjetes aux Cheualiers Teutoniques se donnerent
au Roy de Pologne. Voila les extremitez où les violens Conseillers
& les Fauoris reduisent les Princes & les peuples. Que deuiennent
donc tous ces commandemens de sainct Pierre & de sainct
Paul, si expres & si reïterez dans le nouueau Testament, de l’obeïssance
qu’il faut rendre aux puissances superieures ? Les Docteurs respondent
facilement à ces passages : le principal desquels est le 13. chap.
de l’Epistre aux Romains. Ils remarquent que sainct Paul escriuoit
sous Neron qui dominoit tout ce grand Empire Romain, dans lequel
les Chretiens ne faisoient qu’vne petite poignée d’hommes, lesquels
estant persuadez de la liberté de l’Euangile, & comme ils
n’estoient plus sous la seruitude de la Loy ancienne, pouuoient pretendre
& se faire accroire qu’ils n’estoient plus obligez à l’obeïssance
des Princes seculiers. Pour cette raison l’Apostre prend soin de les
instruire, & de les tenir en deuoir & en sousmission : mais il ne iustifie
pas pour cela les excez & les cruautez de Neron, qui fut condamné
incontinent apres par le consentement de tout le Senat & de tout le
peuple. Et quand sainct Pierre commande aux seruiteurs d’obeïr à
leurs Maistres, etiam [1 mot ill.] ce mot signifie seulement quand ils sont
moroses & de mauuaise humeur ; autre chose est quand ils tuent, &
qu’ils massacrent, alors cette obligation n’est plus dans ses bornes.
Alors la nature se declare, & prend la defense legitime pour elle-mesme,
& foule aux pieds le pretendu droict ciuil, en la mesme
sorte que font ces Lyons appriuoisez, quand ils ont souffert de leurs
maistres quelque grãd outrage, qui les met au bout de leur patience,
& de leur docilité. C’est ce qui vient d’arriuer depuis nos iours dans