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Mazarinade n° E_1_110

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Anonyme [1649 [?]], DIVERSES PIECES DE CE QVI S’EST PASSÉ A S. GERMAIN EN LAYE, Le vingt-troisiéme Ianvier 1649. & suiuans. , françaisRéférence RIM : M0_1160. Cote locale : E_1_110.


par ce moyen aux Espagnols de reprendre en peu de temps, &
auec facilité, ce qui a cousté la vie à tant de braues gens, &
épuisé la plus pure substance des peuples.
 
Y a-il de plus grande violence que de tenir en captiuité des
Ambassadeurs contre le droict des gens ? que d’emprisonner
des Evesques, & les empescher d’aller dans leurs Dioceses, contre
le droict Diuin ? que de retenir par force tãt de gens de bien
qui sont au desespoir de se voir enfermez dans vne Ville rebelle,
& qui hazardent leur vie à tous momens pour secoüer le
joug de cette tyrannie, témoin l’Evesque d’Authun ?
Y en a-il de plus étrange que d’oster jusques à la liberté
de la voix & des plaintes à des miserables qui souffrent ?
Que de menacer de mort ceux qui seroient si hardis que d’ouvrir
la bouche pour parler du bien & du repos de Paris ? Que de
remuër jusques aux cendres de nos peres, & foüiller dans les
sepultures pour trouver de l’argent ? que de songer à vendre les
Calices, à dépoüiller les Eglises, & les Reliques de leur argenterie
& de leurs richesses, comme si le Turc estoit à nos portes ?
Enfin de remplir les cachots de la Bastille d’Innocens, sans en
interroger aucun depuis plus d’vn mois, apres tant de diligences
que le Parlement à fait luy-mesme aupres du Roy, pour faire
regler qu’on fust obligé d’interroger chaque prisonnier dans
les vingt-quatre heures de sa detention, conformément aux
Ordonnances, dont il se mocque lors que l’obseruation le regarde,
& non pas le Roy.
Pour ce qui est du soulagemẽt du peuple. Haique nous éprouuõs
bien à nos dépens, si le Parlemẽt l’a eu à cœur pour le procurer
en effet, ou seulement à la bouche, pour nous entrainer
à le servir dans les autres desseins qu’il formoit. Qui ne touche
au doigt aujourd’huy que toutes les charges que le peuple a suporté
jusqu’icy, étoient incomparablemẽt plus douces & plus
legeres, que ce que le Parlement luy-mesme nous fait souffrir
presentement, de capitations, d’extorsions & de violences ? N’a-t’il
pas fait plus payer aux seuls habitans de Paris en quinze
jours de ces desordres, que ne monte la décharge d’vne année
entiere que le Roy leur auoit accordée, quoy qu’elle fust tres-considerable ?
Et cét argent là est employé à faire la guerre à
nostre Souverain, & l’autre l’estoit à abattre la puissance des
Ennemis de cét Estat.