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Mazarinade n° B_17_16

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M. B. I. V. D. R. D. L. P. P. T. [1652], ARREST SVR LE IVGEMENT rendu contre l’Autheur DE LA VERITÉ TOVTE NVE, ET L’AVOCAT GENERAL parties Aduerses. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_17_16.


regnent par les peuples ? La raison y est tellement contraire,
qu’elle renuerse tout l’ordre de la nature : Car comme personne
ne doute que des Astres, les vns sont dépendans des autres, &
que des Anges les vns sont d’vn ordre superieur pour commander
aux inferieurs, ainsi en doit-il estre parmy les hommes en
vne Republique bien ordonnée, quand mesme elle seroit Democratique
ou populaire.
 
Or personne de si peu de sens qu’il puisse auoir, ne dira point
que le Prince soit pour obeyr, mais bien pour commander.
Quand mesme le peuple seroit en liberté d’eslire vn Roy, ce ne
seroit point pour luy commander, mais pour luy obeyr & receuoir
ses Loys & ses Ordonnances. Or en suitte que les Roys regnent
par Dieu, Salomon le plus sage des Rois en ses Prou. ch.
16. v. 10. dit que les paroles, qui procedent des leures du Roy sont oracles.
Que sa bouche ne dise donc point l’vn pour l’autre, qui est preuariquer.
Si donc l’esprit de Dieu dispose ainsi des paroles du Prince,
pour quoy ne les point receuoir pour Loix & volontez diuines ?
De la s’ensuiuent deux choses essentielles, ausquelles le Prince
ne doit manquer. La premiere est, de destruire les meschants.
La seconde est, de maintenir les bons. Le Roy Sage dissipe les meschants
& tourne sur eux la vouste, Prou 20. v. 26. où la rouë, genre de
supplice parmy les Hébreux semblable à la torture. L’Apostre
S Pierre en sa premiere Epistre ch. 2. v. 13. confirme cette verité,
Soyez dit-il, sujets à tout ordre humain pour l’amour de Dieu, soit an
Roy comme au Superieur, soit aux Gouuerneurs, comme ceux qui sont
enuoyez de luy à la vengeance des mal faicteurs, & à la louange de
ceux qui sont bons, car telle est la volonté de Dieu.
Qui osera donc renuerser cét ordre ? Faudra il que le sujet
prenne le premier rang contre la volonté & ordonnance de
Dieu ? Faut-il que le Prince releue de son vassal ? Si le Roy despend
de ses Inferieurs, il n’est donc plus Superieur. Les sujets
ont-ils puissance de vanger I’iniquité du méchant sans la Iustice
& ordre du Prince ? Si cela estoit, le méchant pourroit iustement
s’y opposer, comme à celuy qui luy estant égal, n’auroit aucune
authorité sur luy, & ainsi il demeureroit impuny. L’Apostre S.
Paul ne veut point qu’vn chacun porte le glaiue escriuant aux
Rom. ch. 13. v. I. Mais le Prince seulement, non contre les gens
de bien, mais contre les meschants, Toutes personnes, dit-il, soient
sujets aux puissances, & les Princes ne sont point à craindre pour bonnes
œuures, mais pour mauuaises. Si tu fais mal, crains, car il ne porte