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Mazarinade n° C_12_39

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Duval, Jean [?] [1652], LA VERITABLE SVITE DV PARLEMENT BVRLESQVE DE PONTHOISE, CONTENANT LES NOMS & les Eloges de quatre nouueaux Renegats, & la Harangue faite par Mazarin à son départ. Par l’Autheur de la premiere partie. , françaisRéférence RIM : M0_3964. Cote locale : C_12_39.



Leur dit… N’ayez point de frayeur
Remettez vostre petit cœur,
De vous mal faire l’on n’a garde ;
Car le Roy dans sa sauuegarde
Vos personnes & Charges met
Et vous maintenir vous promet.
 
 
Mais de crainte qu’on vous eschine,
Le Regiment de la Marine
Dans Ponthoise demeurera
Et la Mangeoire gardera,
Genereuse est cette cohorte
Et la garde en sera bien forte
N’ayez peur, faites tousiours bien,
Et certes vous n’y perdrez tien :
Adieu que le Ciel vous maintienne,
Tant que nous serons à Compiegne,
Et quand nous serons reuenus,
I’espere vous en dire plus.
 
 
Cela dit, ils font reuerence,
Et s’en vont deuers l’Eminence
Qui n’estoit pas loin de ce lieu
Pour luy dire vn dernier adieu ;
Quand il les voit, la teste nuë
Tous ces beaux Messieurs il saluë,
Eux luy disent leur compliment,
Et luy leur respond plaisamment.
 
 
Ha, Messieurs, que vous estes bestes !
Et que lourdieres sont vos testes,
De me croire estre si niais,
Que ie m’en aille pour iamais ;
Il est vray que par la Champagne
Il fains d’aller en Allemagne,
I’ay trop bien appris ce chemin,
Et l’on m’estimeroit gros fin,
Si ie quittois ainsi ma prise,
Mon eu ce n’est qu’vne surprise :
Vous que ie crois mes bous amis
Et que dans Ponthoise i’ay mis,
Ie suis bien aise de vous dire,
Que mon depart n’est que pour rire,
Que pour attraper le Badaut,
Et luy donner le soubressaut.
Quand il aura quitté les armes,
Or sus donc rengainez vos larmes,
Messours vous me faites pitié,
Tant que i’ay pour vous d’amitié.
Si vous me rendez bon seruice
Ie vous seray tousiours propice,
Cela fait, ces Messieurs luy font
La reuerence & puis s’en vont.
 
 
Toute nuict l’on trousse bagage,
Et l’on appreste l’Equipage,
Pour se mettre le lendemain
De fort bon matin en chemin.
 
 
Ce qui fut fait Car à grand peine
L’on auoit fait manger l’aueyne
Soit aux Cheuaux, soit aux Mulets
A grand’peine les pistollers
Estoient à l’arçon de la selle,
A peine toute la sequelle
Du Viedaze de Cardinal
(Qui ce iour fut fort matinal)
Se preparoit à faire gille
Et desemparer nostre Ville :
Lors que ce rougeastre vaurien
S’en va d’vn Burlesque maintien.
(Le diable par le cul l’empalle)
Deuers la Majesté Royalle,
Pour d’elle prendre son congé :
Si lors quelqu’vn l’eust égorgé,
(Outre qu’il eust gagne Finance)
Il eust bien obligé la France.
 
 
Il trouua ce Prince éueillé,
Mesme qu’il estoit habillé,
Et qui vouloit dans son Carosse
Conduire ce trafiqueur de Crosse.
Ie croy que vous ne doutez pas,
Que ce Cardinal de ce pas
Naliast (& c’est chose certaine)
Prendre son congé de la Reyne.
 
 
Enfin sur le poinct de partir,
Ce Villain ne voulut sortit,
Sans faire encor quelque grimace,
Pour abuser la populace :