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Mazarinade n° B_15_36

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Duval, Jean [?] [1652], LA VERITABLE SVITE DV PARLEMENT BVRLESQVE DE PONTHOISE, CONTENANT LES NOMS & les Eloges de quatre nouueaux Renegats, & la Harangue faite par Mazarin à son départ. Par l’Autheur de la premiere partie. , françaisRéférence RIM : M0_3964. Cote locale : B_15_36.



De son Siege auec eux descend
Chacun le suit selon son rang,
Et cette Apostare cohorte
Se tient sur le seüil de la porte,
Ils font long temps là le Houhou,
En sortans de ce vilain trou ;
Quelques-vns d’eux leurs ongles rongent,
Les autres leurs membres allongent
Et les autres à belles dents
Font vn bon repas de leurs glans.
En repetans la reuerence
Qu’ils veulent faire à l’Eminence :
C’est à peu prés là l’entretien,
Qu’ont entr’eux tous ces gens de bien.
 
 
A dix heures ils se separent
Et d’vn court habit ils se parent,
Ils se transportent au Chasteau
Faire au Faquin le pied de veau,
Là leur Charge ne les exemte
Que ce Coquin ne les regente,
Et qu’ils ne soyent monstrez au doigt
Par tous les Officiers du Roy,
Qui les nomment par Ironie
Les Traïstres de leur Compagnie ;
Les Pages mesme & les Vallets
A l’entour d’eux font les follets :
A l’vn l’on donne vne Nazarde,
A l’autre vn Camoufler l’on darde ;
(S’il est par mal heur endormy
Soit tout à fait soit à demy)
Et quelqu’autre vne mousche applique
Dessus son soullier magnifique,
Qui, quand il croit prendre repos,
Brûle son pied iusques aux os,
Et le plus heureux se console
Quand il n’a qu’vne Croquignolle.
 
 
Ce joly diuertissement
Dure pour eux trop longuement,
Et tant que la Cour premedite
De gagner enfin la guerite,
Ils apprennent que Mazarin
Veut encor estre Pelerin
Tant de la Cité Sedanique,
Que de la Ville Boüillonique,
Et que Royalle Majesté
Pour Compiegne s’est appresté.
 
 
Dieu sçait quelle fut lors leur joye
Aussi se mettent-ils en voye,
Et vont au Chasteau promptement,
Pour faire vn dernier compliment,
A cette chienne d’Eminence
Deuant qu’elle sorte de France :
Ils trouuerent le PRINCE assis
Comme l’autre iour ie vous dis.
 
 
Le COIGNEVX entre auec sa bande,
Sa Harangue ne fut trop grande :
D’abord il fit le marmiteux,
Et d’vn visage assez piteux,
Il dit au Roy… helas bon Sire
(Puis-ie sans larmoyer le dire)
Vostre Comique Parlement
Apprend vostre delogement,
Que le Siege de vostre Regne
Vous allez tenir à Compiegne,
Nous en sommes tous en esmoy
Et voulez vous sçauoir pourquoy,
C’est que nous craignons qu’en furie
Ne vienne icy Badauderie
(Et de cela point ie n’en ris)
Pour nous ramener à Paris :
Le Diable seroit bien aux vaches,
Ils nous plumeroyent les moustaches
Nous prions vostre Majesté
De rester en cette Cité,
Qui Ville estoit jadis de balle,
Et maintenant est Capitalle.
 
 
A ce discours si bien tissu,
Tellement qu’elle ment receu,
Le Roy, faisant signe de teste,
Dit, ce n’est pas parler en beste,
Mon Garde des Sceaux va parler,
Et mon vouloir Rossignoller.
 
 
Alors cette digne Barbasse,
Mettant à part toute Preface,