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Mazarinade n° C_3_9

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Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.


verité ? Ie repete encor que vous l’abandonnez par vne metamorphose
qui n’a point d’exemple, à la honte de la Couronne, à vn
homme qui s’en sert pour se faire suivre comme vn page, & son
train comme vn Valet, quoy qu’a cause des tyrannies qu’il a exercées
sur les peuples, il ne merite pas d’estre le laquay de ses laquais.
 
O prodigieux revers, qui epuiserois toutes les plumes du monde,
avant qu’elles pussent effleurer assez vivement la seule superficie
de ce que tu produits.
Autresfois les Sujets des grands, par des simples pensées
d’ambition, formoient des desirs, de posseder la pompe magnifique
des Empereurs, chose qui marquoit par l’exterieur, l’illustre
souveraineté des Princes, laquelle brilloit au de là des personnes
les plus remarquables, tant elle paroissoit independante de leurs
vassaux, à cause de la diffusive abondance dont ils estoient assouvis,
par dessus les personnes du commun, qui estoient leurs spectateurs :
mais tout cela mest rien à present, à cause que le monde
est renversé ; car deux testes noires, sous de chappeaux rouges,
ont mis deux Monarques, non seulement à l’aumosne, en les expolians
de leurs biens inalienables, pour fonder leurs maisons sur
les ruynes de celles des Princes, mais encore ils les ont menez iusques
à la veille d’engager la Couronne, afin de leur mettre au lieu
d’vn Septre ; vn baston blanc à la main. Ils ont converty les deniers
du Domaine qu’ils ont fait vendre, à l’acquisition des Seigneuries
immenses qu’ils en ont achepté. De sorte, que les Potentats
de France sont maintenant reduits dans vne si grande disette,
que pour s’estimer heureux, il leur faut desirer la gloire, l’éclat
& les biens volez par les Cardinaux, comme leurs Sujets
auoient jadis mille ambitions des magnificences des Roys, pour
s’imaginer iouyr d’vne felicité. Les Princes sont Roys de nom, &
les Cardinaux d’efet : les vns n’en ont que la morte peinture, & les
autres la vive Majesté. On revere ceux-cy par forme, comme des
corps sans ame, & on adore ceux-là ainsi que des veaux d’or, & des
malins esprits corporalisez.
Est-il possible que la France endure que deux ou trois maisons,
il y a trente ans inconnuës, à cause de leur bassesse naturelle &
moralle, soient à present regardées de tout le monde auec spectacle,
sans les remettre par vn coup de Iustice, au premier estat