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Mazarinade n° A_2_51

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Anonyme [1649], DISCOVRS POLITIQVE AVX VRAIS MINISTRES D’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M0_1134. Cote locale : A_2_51.


fumier deuiennent par trop splendides & desreglez en leur façon de
viure, & dans la somptuosité de leurs bastimens 3 Ce sont ces harpies
qui par leur propre intrigue ou par l’entremise de leurs adherans s’approprient
tout, & se partagent les recompenses des seruices d’autruy ;
la conscience leur sert de partie pour les accuser, & de Iuge pour les
condamner ; ce n’est pas que sa Maiesté (vraye Image de Dieu) ne
puisse exercer sa clemence sur ceux qui se trouueroient conuaincus de
ces crimes odieux, estant vne espece de supplice d’auoir veu le coupable
s’humilier, la rapine n’est pas vne lepre qui infecte seulement quelques
corps, mais c’est vne corruption presque vniuerselle, & la seule
conuoitise est celle qui l’entretient ; Car tel demeure les bras crouez,
& vit dedans loysiueté, asseuré qu’il est que la plus grande vsure qui
puisse faire profiter son argent est le temps. Ie ne m’estonne donc
plus s’il y a des hommes, qui n’ont que les pas & la robbe de Iustice,
laquelle ils denient bien souuent à leurs propres seruiteurs, leur refusant
le salaire que merite l’assiduité de leurs seruices, & leur inuiolable
fidelité ; On ne peut donc esperer que toute iniustice entre les hommes,
tant que les pauures & les foibles seront exposez à l’auarice insatiable
de ces sangsuës, qui mettent le comble de la vertu dans le grand
amas de richesses, sans considerer quel integrité de la vie & se mespris
de ces fausses apparences, est le plus vray chemin que l’on doit tenir
pour paruenir à la gloire des Bien-heureux.
 
On disoit autre fois que les Atheniens sçauoient beaucoup de bien,
mais qu’ils ne le faisoient pas ; Ie voudrois qu’on n’en peust dire autant
des François, si ces veritables personnes ne nous promettoient
vn sort plus fauorable : Les membres du Corps puissant d’vne parfaite
santé, quand la teste est bien saine, par ce que les nerfs qui les font agir
& leur donnent l’aliment deriuent du cerueau, aussi est il veritable que
ceux qui ont l’administration de la chose publique, quand ils apportent
les remedes aux playes de l’Estat blessé, font cesser les cris de
ceux qui sont opprimez, & leur font supporter le mal qu’ils souffrent
auec plus de patience ; sur l’esperãce qu’ils ont d’vne prõpte guarison,
& de ioüir d’vne tranquillité parfaite, sans faire cõme certains Medecins,
qui pendant qu’ils discourent sur vne maladie, laissent si bien enraciner
le mal, qu’il surmonte enfin les remedes, pour luy estre appliquez
trop tard. Sa Maiesté n’a donc besoin que d’estre puissamment
secondez de ses plus fidels seruiteurs, c’est là ou l’on attend les effects
miraculeux de cette probité, qui les a rendu dignes de ce rare choix, &
qui les dérobant à eux-mesme les consacre tout au public. On lit qu’il
y eut iadis vn peuple de la Grece, qui ne voulut iamais redresser les
ruines des Temples, que certains sacrileges auoient démolis, afin que
l’horreur de leur impieté parust eternellement. Il ne faut pas en vser
ainsi de la corruption qui s’est glissee comme vn serpent dans cette
Monarchie, au contraire il faut espouser si genereusement les iustes interests