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Mazarinade n° D_1_6

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Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.


leur enuoyoit ; Les Espagnols voyant sa foiblesse, liurerent bataille, où son
cheual estãt terracé, il fut pris, & son armee taillee en pieces. Pour sortir de
prison, il quitta par le traitté de Madrid le Duché de Milan, auec le Royaume
de Naples, la souueraineté de Flandres, & la Bourgongne : Mais
cette renonciation ne pouuoit preiudicier à ses successeurs, pour les raisons
qui seront representees cy-apres.
 
Or quoy que ce grand Prince eust receu vn si rude eschec, il vouloit neantmoins
tenter encor vn coup la fortune. Le pretexte estoit, la deliurance
du Pape que l’armee Imperiale tenoit assiegé dans Rome. Il enuoye
doncques en Italie le sieur de Lautrec, qui pour tous exploits print Pauie
& Alexandrie : Mais l’Empereur les ayant reprises aussi tost, le Comte de
Sainct Paul les prit, & saccagea l’an suiuant : & comme il se retiroit en desordre,
l’armee Espagnole conduitte par Authoine de Leue, le surprit, &
mit en route.
Ainsi les affaires du Roy estans fort descousuës en Italie, l’Empereur
donna Chrestienne, sa niepce, fille du Roy de Dannemarc, auec le Duché
de Milan à François S force, lequel estant mort sans enfans, le Roy en demanda
l’inuestiture à l’Empereur, qui la luy refusa : Ce qui le fit resoudre à
la force. Pour l’acheminement de son entreprise, il semond le Duc de Sauoye,
son Oncle, de luy donner passage par ses terres : Et pour le refus qu’il
en fit, il entra en main armee en Piedmont, emporta de viue force les
meilleures places, & contraignit le Duc de s’enfuir, & mandier le secours
de l’Empereur, qui ne peust venir à temps pour garantir son partisan de
cet orage.
Le Roy, apres la conqueste du Piedmont, fit quelque progrez au Milanois :
Mais son entreueuë auec le Pape & l’Empereur moyenna vne suspension
d’armes pour dix ans : pendant lesquels, l’Empereur prenant occasion
de passer par la France, pour aller chastier la rebellion des Gamtois,
promit au Roy de luy faire raison du Duché de Milan. Et toutefois ayant
mis ordre aux affaires des païs Bas, il ne tint plus conte de sa promesse.
Au contraire, comme il se vit pressé par le Roy, dit que son Frere & son
Conseil n’estoient d’aduis qu’il quittast vne piece si importante pour la
conseruation des autres Prouinces qu’il tenoit en Italie : Que toutesfois
pour donner contentement au Roy, de son auctorité Imperiale, il erigeroit
la Flandre en Royaume, & la donneroit auec sa fille à Charles, Duc d’Orleans :
Mais le temps fit cognoistre que son intention n’estoit autre que
de repaistre le Roy de paroles. Exemple signalé, outre mil autres qui se tirent
de l’Histoire, que les Espagnols ne desmordent iamais, quelque iuste
sujet qui les y oblige, si ce n’est par la force.