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Mazarinade n° D_1_6

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Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.


les autres en Calabre ; Prouinces lors sujettes aux Grecs & aux Sarrazins,
dont ces braues Argonautes les ayans chassez, ils y establirent
leurs fortunes, & prirent qualité de Ducs, iusques à Roger II. auquel le Pape
Honoré donna le tiltre de Roy. En recognoissance dequoy, du consentement
de ses Estats, il sousmit les Royaumes de Sicile & de Naples au
Sainct Siege, souz la redeuance de quelque cens annuel. Roger eust pour
successeur Guillaume, surnommé le Mauuais & Guillaume ; Roger qui
mourut auant son pere, laissant vne seule fille legitime, & vn bastard nommé
Tancrede, auquel le Pape Celestin III. refusa l’inuestiture pour le
defaut de sa naissance, & tira d’vn Monastere sa sœur Constance pour la
donner à Henry VI. Empereur, fils de Federie Barberousse, qui s’empara
des deux Royaumes, & fit chastrer Guillaume fils de Tancrede, delaissé
en bas âge. De Henry & de Constance nâquit Federie II. aussi Empereur,
que le Pape Innocent IV. priua de ses Estats, pour les grandes querelles
qu’il eut auec le Sainct Siege. Ce Federic laissa pour heritiers Conrad,
Federic & Conradin, fils de Henry son aisné, qu’il fit mourir en prison
pour auoir conspiré contre luy : eut aussi vn bastard appellé Mainsroy, la fille
duquel nommée Constance, espousa Pierre d’Arragon ; Vnique fondement
des pretentions de la Maison d’Espagne sur ces deux Royaumes.
Conrad fit mourir Federic son frere puisné, à que le pere auoit laissé par
testament partie de la Sicile. La peine suiuit de prés ce fratricide : car luy
estant malade Mainfroy l’empoisonna, & s’estant fait declarer tuteur de
Conradin son nepueu, occupa ses Estats, & donna charge à quelqu’vn de
ses plus confidens de le faire mourir : mais cela n’ayant reüssi, Conradin
s’enfuit secrettement en Allemagne, & cependant le Pape Vrbain interdit
Mainfroy, tant en execution de la sentence renduë par son predecesseur
contre Federic, & sa posterité, que pour ses actions tyranniques, dont
les Siciliens s’estoient plaints au Pape, comme à leur Souuerain. Pour
mettre cet interdit à execution, Charles d’Anjou, frere du Roy S. Louis
est appellé à Rome, & couronné Roy des deux Royaumes, aux charges &
redeuances anciennes enuers le Sainct Siege. Auec ce droict il attaque
Mainfroy, luy donne bataille, & le met en route. Conradin sur le bruit de
ceste disgrace, leue de grandes forces en Allemagne, & se jette dans la
Poüille, où Charles luy estant venu en rencontre le met en fuite : mais
estant pris comme il se sauuoit par mer, il luy sait trencher la teste, & par
ceste mort se rend paisible possesseur de tout le païs.
 
Ceste bonace ne dura pas long temps : car Pierre d’Arragon, competiteur
de Charles, qui estoit tousiours au guet, estant aduerty du mescontentement
que les Siciliens auoient desia conceu contre les François,