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Mazarinade n° C_7_53

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Anonyme [1649], DISCOVRS D’VN PHILOSOPHE MÉCONTENT, ENVOYÉ A MADAME LA FORTVNE. SVR LE MALHEVR DES SCAVANS de ce Siecle. , français, latinRéférence RIM : M0_1110. Cote locale : C_7_53.


en deuroient estre les protecteurs. Oüy, Madame, on
peut dire que Minerue rencontre ses Tyrans en des
personnes qui deuroient estre ses Dieux tutelaires. C’est
cette seule disgrace qui m’oblige de prendre la plume
pour vous tracer mes ressentimens en cette funeste
rencontre, & ie ne pretends point m’emporter en des
inuectiues iniurieuses, c’est assez que l’on souffre que
ie crie & que ie mesle parmy mes sanglots des témoignages
de ma douleur. Ie le dis donc encore vn coup,
que tout le Lycée n’a que des parolles enflées, & qu’il
en est de ses preceptes comme des balons, qui poussez
contre terre s’éleuent bien haut, & qui apres tout ne
sont gros que de vent. Qui seroit le Philosophe, dont
l’esprit auroit assez de fermeté, pour ne murmurer
point dans cét âge de barbarie pour les belles Muses ?
ce seroit peu pour ces sçauantes si elles n’estoient point
respectées. Mais on en va iusques à l’outrage, & ie pense
que ces Filles qui sont du sang des Dieux de la Fable
ne sont icy regardées que comme des obiects de
pitié. On me dira peut estre que tous ces doctes ont
declamé contre le Siecle où ils ont vescu, & c’est en cela
mesme que vous estes plus coupable, puisque vous
n’auez point encore esté touchée d’vne plainte qui se
fait depuis que le Soleil éclaire. Oüi, Madame, ie sçay
bien que les hommes de lettres ont declamé contre
vous en toutes sortes de langues, & les plus paisibles
d’entre les Stoïques n’ont pû s’empescher d’en lascher
quelque mot à la trauerse. Ie ne suis pas d’humeur à
vous faire tous les reproches que ie vous pourrois faire
sur ce suiet, & ie ne veux pas mesme produire icy