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Mazarinade n° B_4_11

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Anonyme [1649], DISCOVRS D’ESTAT ET DE RELIGION, SVR LES AFFAIRES DV TEMPS PRESENT. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : B_4_11.


ny que vous ne luy eussiez offert de l’encens qu’en apparence, pour
éluder en vostre cœur le chastiment d’vne impieté, qui pourroit
arrester son ire. Mais nous trouuons que toutes nos affaires se sont
decreditées depuis à veuë d’œil, & que les aduantages que nous
auions acquis sont retournez de succez en succez du costé de nos
ennemis. Nous refusasmes deslors la Paix, que nous pouuions donner
heureusemẽt à toute la Chrestienté, & la retenir glorieuse pour
nous. Les armes du Roy souffrirent incontinent apres vn affront
deuant Lerida, entre des mains qui auoient toûjours esté victorieuses.
Nous n’essayasmes de le reparer que pour en receuoir vn plus
grand ; & comme si nous eussions esté frappez d’aueuglement, nous
nous arrestasmes à des spectacles profanes de farces d’Enfer, & de
machines qui suoient du sang du Peuple, cependant que nous
voyions le frere d’vn Empereur, arriuer aux Païs-bas pour releuer
les affaires de la maison d’Autriche : nous luy dõnasmes le tẽps d’attaquer
Armentieres, qu’il emporta à la face du Roy. Nous ne peusmes
empescher qu’il ne choisist encore Landrecies, & sembloit que
vos Majestez ne se fussent acheminez sur la frontiere, que pour
assister à ses triomphes. Les Holandois, qui nous auoiẽt tant d’obligation,
se sont separez de nos interests. Le Duc de Bauieres a trouué
nos Conseils si foibles, qu’il s’en est joüé, & les Suedois nostre corde
si mal tenduë, qu’ils sont enfin sur le poinct de briser l’arc auec
nous. L’entreprise de Naples a esté si precipitée ou si mal digerée,
qu’elle n’a seruy qu’à rendre le Roy d’Espagne plus redoutable en
Italie à nos Alliez ; cette Campagne a si tristement commencé que
nous auons perdu Courtray, qui tenoit toute la Flandre en eschec,
à la teste de la plus puissante armée que nous eussiõs encore mis sur
pied, & qui n’a pû déployer le bras pour le secourir, en vertu de la
Citadelle qui nous y faisoit jour, non plus que si elle eust esté charmée ;
la prise d’Ipre n’a fait qu’en colorer le dueil, & nostre dessein
sur Ostende si funeste à nos meilleurs Soldats, que le rengreger.
Toutes ces suites de disgrace, MADAME, monstrent bien qu’il
y a quelque secret dans nos affaires qui nous assiege, & qui destourne
depuis deux ans le cours de nos prosperitez : Nous ne le pouuons
attribuer qu’à Dieu qui les retire, & qui les élargist quand il luy
plaist, comme le Dieu des batailles, & qui pese tous nos mouuemens
à la balance. Si nous voulons examiner ces succez par le détail