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Mazarinade n° B_3_25

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.


subuersion de leur estat, attenué d’exactions, à la
ruine de plusieurs, qui eussent esté les nerfs de leur
force, pour en auoir voulu enrichir vn petit nombre,
qui lors sert de bien peu.
 
Cecy n’est point sans exemple de l’antiquité : Il se
lit de Caligula, qui fut si vilainement entaché d’auarice,
qu’il print tribut sur choses ordres & salles,
& vendoit les robbes de ses sœurs pour en faire de
l’argent. Neantmoins il estoit si débordé en despence,
qu’en vn an de son Empire il despendit prodigalement
soixante & tant de millions d’escus, que Tybere
son predecesseur auoit amassez : Neron vsant
de plusieurs cruautez, pilleries, exactions & confiscations
contre ses sujets, donna aux ministres de sa
tyrannie, en quinze ans qu’il regna, la valeur de cinquante
& tant de millions d’escus, & fit plusieurs
bastimens inutiles, qui furent apres sa mort ruïnez,
en detestation de sa meschante vie,
Ie sçay que les flatteurs courtisans, qui s’enrichissent
de telles prodigalitez, s’efforçent de desguiser
telles dissipations, sous le nom de largesse & liberalité,
lesquelles produisent effects tous contraires à la
prodigalité : Car iamais vn Prince pour estre liberal
ne foule son peuple, mais bien pour estre prodigue.
Or (SIRE) si vos façons d’acquerir & trouuer
deniers sont iniustes, ie m’en rapporte à vos premiers
Officiers, qui ont coustume de respondre à ceux, qui
par viues raisons remonstrent les inconueniens des
creües d’Officiers, des daces, impositions, aides &
leuées nouuelles & inutiles, qu’ils entendent tout
ce qu’on veut dire, que les remonstrances sont tres-iustes,
que les raisons qu’on propose sont inuincibles,
mais que vous estes en necessité, que le temps
est mauuais, & qu’on veut mal faire : Ce sont leurs
propres mots, indignes toutesfois de vostre Majesté,
& de la bouche des premiers officiers de France.