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Mazarinade n° C_7_36

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Anonyme [1649], DISCOVRS D’ESTAT ET DE RELIGION, Sur les affaires du Temps present. A LA REINE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : C_7_36.


de cette Assemblée, à la face du Peuple, le chapeau sur la teste
comme vne statuë. Les dernieres douleurs augmentent toûjours les
premieres, MADAME, & le traict d’infidelité, qui nous a piqué au
vif dans le Te Deum de cette nouuelle victoire sur les ennemis de
l’Estat, nous mõstre bien que l’Estat n’en a point de plus dangereux
que luy. S’il n’a point fait de difficulté de conuertir les actions de
graces publiques en sacrileges, sous pretexte de maintenir l’authorité
Royale, quelle confiance pouuons nous prendre en ses déportemens ?
Et s’il ne trouue point d’autres moyens pour l’appuyer, que de
violer la foy publique contre les plus fideles seruiteurs du Roy ; que
peut-elle deuenir entre ses mains qu’vn fãtosme ? L’authorité Royale
est si legitime d’elle-mesme, qu’elle ne peut pecher, mais bien les
Ministres qui la dispensent, qui luy veulent faire changer de face. Et
ceux-là sont les veritables adorateurs, qui vous remonstrent, que sa
force consiste en son innocence & en sa justice, sans esquelles elle
ne peut subsister. C’est par là que celuy qui a fondé les Empires, les
garde, & non pas par des maximes impies & d’impies, qui ne cessent
de les esbranler, iusqu’à ce qu’ils les ayent renuersez. Vostre Maiesté
le voit auiourd’huy, MADAME ; & qu’ils s’en est peu fallu, que
ses conseils ne vous ayent rendu ce Te Deum plus funeste qu’à nos
ennemis. Si nous considerõs le succez par les fondemens que nous
auons establis sur la Religion en nostre premier Discours, nous y
voyons comme les interests des innocens y ont esté démeslez d’auec
ceux du coupable ; & que l’affront qu’il leur auoit preparé en
faueur de ce triomphe, s’est renuersé sur luy pour leur en laisser le
fruit. Vous y voyez la fatalité de son iniustice dans les decrets des
iugemens d’enhaut, & iusques à quel peril il auoit engagé l’honneur
de vostre Regence, si Dieu ne s’y fust visiblement opposé. Mais
enfin nous esperons, MADAME, que ce sera de cette reflexion
que vostre Malesté tirera desormais les lumieres necessaires à sa
conduite, & non pas de ces faux luisans, qui ne nous esclairent que
pour nous conduire dans les precipices.
 

A PARIS, De l’Imprimerie d’ARNOVLD COTINET, ruë
des Carmes au petit IESVS.

M. DC. XLIX.