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Mazarinade n° C_7_36

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Anonyme [1649], DISCOVRS D’ESTAT ET DE RELIGION, Sur les affaires du Temps present. A LA REINE. , françaisRéférence RIM : M0_1106. Cote locale : C_7_36.


des prieres publiques qui ne luy plaisent pas. Mais nous
supplions vostre Maiesté de regarder sur tout, si ce n’est point luy qui
a le premier fauorisé la cause des impies, dont nous sont prouenus
tant de malheurs : & de vous souuenir, que Dieu ne sçauroit benir le
conseil de ceux qui combattent contre sa gloire.
 

CONTINVATION.
MADAME, Les reflexions que nous auons faites le mois
passé sur les affaires de l’Estat, n’ont point changé deuant
Dieu qui en auoit tous les succez presens, & qui a resolu de toute
eternité ce qu’il en veut determiner auiourd’huy. Tous nos momẽs
sont comptez deuant luy comme les heures du iour, & il ne luy en
échappe pas vn auquel il ne donne le poids. Il est vray qu’il ploye à
tous nos mouuemens, bien que ses conseils demeurent tousiours.
Mais ses voyes sont si differentes de celles des hommes, qu’il nous
menace bien souuent par la prosperité : il sonde nos cœurs & nos
reins de tous costez, pour nous faire esprouuer à nous-mesmes : &
nous releue ou nous endurcit, selon que nous nous en rendons dignes
ou coupables. Quand nous conuertissons les graces que nous
receuons de sa misericorde en ingratitude, il les conuertit en peché,
& tous nos triomphes en fumée. Nous auons dequoy le benir auec
vostre Maiesté, MADAME, de l’heureux succez de nos armes en
Flandres, & nous ne sçaurions considerer la conioncture du temps
& des affaires, sans y admirer de nouueau les miracles visibles de sa
protection. C’est aux grandes occasions qu’il declare sa puissance,
& aux coups de besoin qu’il subuient à ceux qui n’auoient plus de
resource qu’en luy. Vous nous permettrez de dire, MADAME, que
les petits ne sont pas moins à luy que les grands, & de remarquer
par le soin qu’il a pris de leur salut en cette extremité, que cette victoire
est veritablement la bataille du peuple ; car s’il eust fallu que
nous l’eussions perduë, auec tant de confusions intestines, à quelle
desolation eust-il esté reduit dans l’estenduë de trois Prouinces entieres,
& peut-estre dauantage : ou quel remede present y eussiez-vous
pû apporter ? Vostre Maiesté sçait bien, que ce sont les peuples
qui font les Roys, & non pas les Roys les peuples ; & que Dieu les
a donnez les vns aux autres, pour se maintenir respectiuement par
l’obeïssance & la charité, sous l’ordre que sa Prouidence leur a prescrit.
Vous tenez la place du Roy, comme sa Mere, dans vostre Regence :
& vous deuez tenir lieu de Pere pour luy dans vostre administration.