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Mazarinade n° A_3_49

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Anonyme [1649], L’ESPERANCE DES BONS VILLAGEOIS, Et leurs resioüissances publiques sur les heureux progrez des armées Parisiennes: Conduites par Messieurs les Princes de Conty, de Beaufort, d’Elbeuf, & autres grands Seigneurs. , françaisRéférence RIM : M0_1278. Cote locale : A_3_49.


grand combat en ma personne ; d’vn costé l’amour paternel me
commandoit d’aller voir mon cher enfant pour le tirer de ce lieu
& le mettre en quelque endroit plus seur ; De l’autre la crainte
que i’auois d’estre surpris par ces malheureux & méchans Mazariniques
faisoit effacer cette pensée : Prends garde, me disoit la
crainte, de te mettre en chemin voyant que la campagne n’est pas
seure, car tu peux croire que si tu es pris de ces monstres d’Hircanie,
de ces traistres Siciliens, qui sacrifieront ta personne à la fureur
de leur colere, ou du moins dans le froid qu’il fait il te dépoüilleront
tout nud, comme ils ont desia fait plusieurs, qui sont
tous gelez & glacez de froid à S. Germuin en Laye, dans vn jeu de
paulme, sur vn petit de paille, sans habits ny couuerture aucune,
& par ainsi croyant sauuer celuy qui doibt estre vn iour ton heritier
tu te perdras toy-mesme, & par ainsi dire tu seras homicide
de ta personne. Dans ce combat ie ne sçauois qui emporteroit la
victoire, lors que la generosité fauorisant l’amour se vint opposer
à la crainte, luy chantant des iniures, la poussa hors de ma pensée
à grands coups de pieds, puis se tournant vers moy, me sembla
qu’il me tint ce discours ; Comment cher Florimond, veux-tu
preferer la crainte à ta valeur ? Plusieurs fois ie t’ay veu au milieu
des combats tant particuliers que generaux, n’ayant aucune
crainte, ny de la fureur d’vn grondant canon, ny du debris d’vne
meurtriere bombe & grenade, de l’impitoyable plomb d’vn
mousquet, ny mesme de la pointe d’vn acier bien émoulu : témoin
la bataille de Sedan, où ce grand Comte de Soissons finit glorieusement
ses iours ; Le siege & prise de Lens, la Bassée : Dans la mesme
année la campagne de Perpignan, la bataille de Rocroy, le
siege de Graueline, du Fort Oüatré, de Courtray, Bourbourg, Bethune,
Mardic, Dunkerque & plusieurs autres lieux où tu as paru
auec honneur, & maintenant tu te veux rendre lasche & poltron,
si tu veux cela, pour moy ie te vais abandonner : car ie ne puis faire
residence auec la poltronnerie, dautant que ie ne puis compatir
auec cette vicieuse & infame. Finissant ce discours, il me sembla
qu’il vouloit s’éloigner de moy, ce qui causa que ie luy demanday
pardon, luy promettant que ie ne donnerois iamais permission
à la crainte d’empieter sur moy ny sur mes volontez, & dés
l’heure mesme ayant faict sceller & brider mon cheual, ie montay
dessus prenant mon chemin à Soulats, ou i’appris que Monsieur
le Duc d’Elbeuf auoit fait entrer des Trouppes dans Brie-Comte