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Mazarinade n° A_2_4

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Anonyme [1649], ADVERTISSEMENT FAIT PAR MONSIEVR DE CHASTILLON REVENV DES CHAMPS ELISEES, A MONSIEVR LE PRINCE DE CONDE A S GERMAIN EN LAYE. , françaisRéférence RIM : M0_457. Cote locale : A_2_4.


son zele au bien public, selon la connoissance & l’adueu
mesme des ennemis de l’Estat, n’a pas eu la hardiesse de se
plaindre dans ses souffrances, & tu le veux obliger à prendre
les armes pour se deffendre contre la violence & l’iniustice
des tiennes. Croy moy, la guerre que tu as entreprise
ne peut pas estre authorisée du Ciel, puis qu’elle est contre
des innocens ; ny secondée de la fortune, puisque tu la persecute
dans le temps qu’elle s’estoit renduë plus fauorable à
tes desirs, par la conqueste des cœurs de ceux dont tu recherche
la mort, & moins encore tu peux attendre le secours
de Dieu, contre ceux qui sont aussi bien que toy des
ouurages sortis de ses mains ; ne pretend pas les deffaire, ce
seroit luy rauir sa propre gloire, en tirant ta grandeur de sa
soubmission, & ta vengeance de sa bonté ; Dieu aura plustost
des foudres que des tonnerres pour lancer sur ta teste,
(& ce plustost que tu ne pense.)
 
Ie ne vois pas maintenant, dans cette vie plus clair-voyante,
que leurs armes soient si coulpables, qu’ils puissent
prouoquer l’ire de Dieu, à leur oster la chose la plus pretieuse,
qui est leur vie, tant de maximes du Christianisme,
& de veritez de l’Euangile ne permettent pas la ruine des
Suiets à leurs Souuerains ; moins encore des plus fidelles,
& des premiers de l’Estat.
Certainement ce n’est pas le sentiment de Dieu, que
les Roys desolent les peuplés qu’ils doiuent conseruer, n’y
qu’ils employent le Sceptre qu’il leurs a mis en main pour
les mettre en poudre, au lieu de les proteger. Les mauuaises
interpretations que l’on donne à l’Euangile ne peuuent
prouenir que d’vne ame perfide, sors qu’elles sont contraires
au salut de la patrie, dont l’amour n’est pas encore
esteint dans le cœur du mauuais Riche ; qui sollicite encore,
tout damné qu’il est, d’autres Patriarches, comme jadis
il faisoit Ahrabam, d’enuoyer quelque autre, comme
moy, du Purgatoire, pour aduertir les freres, de peur qu’ils
pesoient, comme luy, condamnez au feu malheureux des
peines eternelles.