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Mazarinade n° A_3_2

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Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.


à vos mœurs qu’a vostre conseruation mesme : C’est à quoy ie
prens garde depuis vostre naissance ; & le premier moment de vostre
vie a esté celuy de ma commission, dont ie me suis si heureusement
seruy, que vos deportemens plus qu’humains ont esté long-temps
des sujets d’admiration au Ciel, d’estonnement à l’Enfer, & de
loüange à toute la Terre. Si l’Espagne eut le plaisir de voir éclorre
& épanoüir en vostre Royale personne les fleurs de tant d’auantages
que vous donnerent en naissant la Nature & la Grace ; la France a eu
depuis le bonheur d’en gouster les fruicts. Si Madrid a veu vos vertus
dans leur accroissement, comme dans leur naissance ; Paris les a
veües dans leur perfection, la charité & la deuotion monterent dans
le throsne auec vous, & trouuerent leur plus grande éleuation dans
la vostre ; le Ciel aussi les recompensa de son amour enuers vous, &
de sa protection contre vos ennemis : mais pour vous combler tout à
la fois de ses faueurs, il vous donna miraculeusement vn fils pour
donner vn Roy aux François, apres la mort du Pere. Il vous en a depuis
fait la Tutrice, pour le conduire dans sa minorité, & pour rendre
à sa personne les mesmes offices que ie rends à la vostre : De sorte
que ie puis dire auec asseurance, qu’on vous a admirée en tous les
estats de vostre vie, & en qualité d’Infante, & en qualité de Reyne,
comme mariée & comme veufve, comme Mere & comme Regente.
Quelle satisfaction pensez-vous que i’auois alors, chere Princesse,
de vous voir si bien dans l’esprit de Dieu, & dans le cœur des hommes ?
Mais, helas ! quel déplaisir ay-je maintenant de vous voir si
mal & auec le Ciel & auec la Terre ? d’oüir tous les iours les prieres
qu’on vous fait, & pour qui vous n’auez point d’oreilles ? On esperoit
de vostre Regence (& vous l’auiez promis au commencement) que
la Paix seroit par toute l’Europe ; ie vous en ay souuent inspiré la pensée
de la part de Dieu, & vous y auez souuent consenty ; mais il s’est
trouué malheureusement des Ministres d’Estat qui ont empesché
vos bons desseins : Il s’est trouué des Demons incarnez qui ne prennent
autre conseil que de ceux de l’Enfer, lesquels vous ont tousiours
persuadé la guerre. Ce sont les mesmes, qui malgré la douceur
de vostre naturel, vous ont conseillé vn dessein du tout barbare,
ie veux dire d’affamer Paris, & de faire par ce moyen ruiner la France.
Ce sont eux, qui pour couurir leur malice, & pour vous oster
tout scrupule, ont sceu faire vne Anti-Sorbonne & vne Theologie à
leur mode ; qui se sont seruis de l’Eglise pour destruire les loix de son