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Mazarinade n° A_3_2

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Anonyme [1649], L’APPARITION MERVEILLEVSE DE L’ANGE GARDIEN A LA REYNE REGENTE. , françaisRéférence RIM : M0_142. Cote locale : A_3_2.


d’horreur, & les champs de carnage ? changer tant de riches villes en
de grands Hospitaux ? & tant de belles Prouinces en de vastes Cimetieres ?
Si vous aimez la guerre, faites-vous la à vous mesme : combatez
vn dessein qui perd vos plus fideles subjets ; combatez ceux
qui vous l’ont donné, & combatez le mauuais Demon qui le fomente
tousiours dans leur esprit afin qu’ils le fomentent dans le vostre.
Si vous aimez la guerre, que ne la faites-vous aux impies qui infectent
la France, aux heretiques qui oppriment l’Angleterre, & aux Infideles
qui occupent injustement la Terre Saincte, & le paїs des Venitiens
vos alliez. Ce sera alors que le Dieu des armées sera pour vous
quand vous serez pour luy ; & ce sera alors que d’vne diabolique passion
de vengeance vous tirerez vn dessein tout diuin, & vne vertu
toute Chrestienne. Mais si l’interest de Dieu ny du Roy ne vous touche
pas assez, laissez vous du moins toucher au vostre mesme. Vous
perdez par cette guerre le repos de vostre ame, en perdant celuy de
vos subjets. Vous y perdez l’honneur de vostre Regence, en perdant
l’Estat de vostre Mineur : mais ce qui est encor plus déplorables, vous
y perdez la grace de Dieu, & vous vous mettez en danger d’y perdre
mesme la gloire des Bienheureux. Songez-y bien, chere Princesse :
Songez, quelque grande que vous soyez & d’authorité & de naissance,
que toutes vos grandeurs ne vous exempteront pas du tombeau :
Songez que la Mort n’espargne non plus les puissantes Reynes
que les simples Bergeres ; & que les Sceptres & les Couronnes ne luy
coustent pas plus à briser que les Houlettes. Mais songez qu’apres
cette mort, vous irez comparoistre deuant le suprême Tribunal du
Roy des Roys, d’vn Iuge qu’on ne peut corrompre, & qui n’épargne
personne : Que vous luy rendrez compte de tous les crimes qu’on
commet pendant cette guerre ; Que tant-d’innocens injustement
opprimez seront tous vos accusateurs ; Et que moy-mesme, apres
vous auoir seruy d’Ange Gardien en ce monde, ie seruiray alors de
témoin contre vous mesme. Preuenez ce malheur, chere Princesse,
en suiuant les conseils que ie vous donne ; il y va de mon interest aussi
bien que du vostre ; ie dois m’acquitter de la commission qui m’a esté
donnée ; & c’est à moy à vous conduire iusques dans le Ciel par des
moyens qui puissent operer vostre salut. Ne rendez pas mes soins ny
mes aduis inutiles, craignez mesme en ce monde de tomber entre les
mains du Roy du Ciel, & qu’vn Roy Prophete appelle Terrible aux
Rois de la terre. Considerez, de grace, qu’vn Pharaon fut chastié