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Mazarinade n° B_17_23

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Anonyme [1652], L’ANTIDOTE AV VENIN DES LIBELLES DV ROYALISTE, A AGATHON, ET DE LA VERITÉ NVE. , français, latinRéférence RIM : M0_88. Cote locale : B_17_23.


impossible, & consequemment la reuocation qu’il suppose
auoir esté faite de la Declaration dressée cõtre luy. Car de droict
il est exclus du ministere, & la Declaration du Roy n’estant qu’vne
enonciation de ce droict, qu’il n’est pas en sa puissance de
changer ny alterer, estant vne loy fondamentale de la Monarchie,
& non pas du Monarque, qui peut bien reuoquer celles
qui sont faites par la necessité des temps, comme les daces & les
impositions, ausquelles neantmoins on ne touche pas, quoy que
la conscience y oblige, par l’extréme auarice, & le mauuais conseil
de ceux qui enuironnent les Roys, lesquels à l’exemple de
Roboam, sont tousiours plus prests de sur charger leurs Peuples,
que de les soulager, il s’ensuit que la reuocation est fausse, &
n’a iamais esté ; & quand elle seroit, qu’elle ne seroit pas considerable,
& ne pourroit operer la iustification de vostre Idole,
d’autant qu’elle seroit contraire aux loix fondamentales de l’Estat,
qui sont immuables. Et ainsi tu es bien maudit de Dieu, de
dire qu’on n’ose voir son visage, de peur de condescendre à sa
iustification, & de glisser ton pernicieux venin de la sorte dans
les esprits des simples & des timides, afin d’entretenir les troubles
& les desordres dont tes yeux sont témoins, & ta conscience
coupable, Nolite sperare in iniquitate, nolite peccare in spe. Au
lieu que mesprisant l’interest qui nous attache indissolublemẽt
à la tyrannie iusques à present, & faisant de serieuses reflexions
sur ces veritez solites pour vostre salut, & le bien de vostre Patrie,
vous ne prouoqueriez pas la colere du Roy par des mensonges,
& des complaisances criminelles contre ses plus fideles
seruiteurs, & conspireriez auec eux à la manutention des loix &
de la Iustice, où consiste le repos & la felicité des Republiques,
& dont au contraire l’inobseruance attire le trouble, & engendre
la subuersion. D’où vient que Solon interrogé de la maniere
de les bien regir & gouuerner, respondit, Si les Princes & les
Magistrats se conduisent selon les loix qui y sont establies : Et
Aristote affirme, qu’il est plus expedient que les Estats soient
gouuernez par de bonnes loix, que par de bons Roys, pour ce
que les loix ne perdent point leur rectitude, ne meurent, ny ne
changent iamais, & les Roys sont sujets à toutes ces alterations,
& mesmes aux loix, n’estans instituez que pour en estre les gardiens
& les depositaires : Cela est disertement expliqué dans le