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Mazarinade n° A_3_14

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Anonyme [1649], L’AMBITIEVX OV LE PORTRAICT D’ÆLIVS SEIANVS EN LA PERSONNE DV CARDINAL MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_73. Cote locale : A_3_14.


pouuoit bien porter son insolence iusques à attenter contre sa personne,
manda au Senat que l’on fit le procez de Sejan, & comme
il venoit du Temple d’Appollon, il fut pris par Laco Cheualier du
Guet, & mené en prison, où son procez fait, & estant condamné
fut ietté du haut en bas des eschelles Gemonies (supplice vsité
chez les Romains.
 
Mais comme l’infamie & la cruauté de sa mort ne pût expier
tous les crimes qu’il auoit commis. La vengeance du peuple n’en
fut pas entierement satisfaite, & il s’imagina que celuy qui auoit
fait perir vne infinité d’innocens & gens de bien, deuoit souffrir
tous les supplices imaginables. Ce spectacle d’horreur, au lieu d’amollir
le cœur des assistans les irrita de telle sorte, qu’ils se ietterent
sur ce detestable cadaure, qu’ils traisnerent trois iours & trois
nuits dans la fange & dans l’ordure de la ville, & en precipiterent
encore les mal-heureuses reliques dans le Tybre.
Voyons vn peu qu’elle correspondance il y a entre les dernieres
desloyautez de Sejanus & de celles qu’a pratiquées depuis peu
Iules Mazarin. Sejanus fait absenter l’Empereur Tibere de la ville
de Rome : Et Mazarin dans vn temps de resiouïssance populaire
faict enleuer le Roy hors de son Palais Royal, non de iour ; car le
Soleil n’eust pas enduré que ses rayons eussent esclairé vne action
si lasche & si noire, mais de nuict à trois heures apres minuit, heure
du repos, ayant troublé celuy du Roy, sans regarder l’interest de la
santé de sa Majesté ; la perte de laquelle traisne apres soy celle de la
Monarchie : Mais il ne s’en soucie pas estans comme ce Tyran, qui
desiroit que toutes les testes des humains fussent assẽblées en vne,
afin que d’vn seul coup il pust faire perir tout le monde ; Ce qu’il
tesmoigne assez par les troupes de gens de guerre qu’il a fait venir
aux enuirons de Paris, pensant faire perir cette ville, & en suite le
Royaume : Mais au contraire de sa pensée, Dieu qui se dit dans
l’Escriture saincte, le Dieu de vengeance, punira l’outrecuidance de
ce glouton ; ainsi qu’il a permis celle d’Ælius Sejanus, de qui les
méchantes actions ont tant de correspondance auec celle de Mazarin,
qui n’attend plus que le coup de foudre qui doit escraser sa
teste.

FIN.