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Mazarinade n° C_7_50

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Anonyme [1649], DISCOVRS ADDRESSÉ AVX SOLDATS FRANCOIS. DEDIÉ A MR DESLANDES-PAYEN, Conseiller en Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_1101. Cote locale : C_7_50.


DISCOVRS ADDRESSÉ AVX
Soldats François.

IE ne suis ny de condition ny d’humeur pour
discourir de l’Art militaire. Ie sçay ce qui
arriua autrefois à vn Philosophe imprudent
qui en traicta deuant Hannibal de Carthage,
c’est à dire, en la presence d’vn des plus
grands Capitaines qui fust au monde pour
lors. Comme on eut demandé à ce Prince
quel jugement il faisoit d’vn si beau discours. I’ay bien veu (dit-il)
des sots en ma vie, mais en voila vn des plus francs, qui harangue
ainsi à son aise de nos exercices, & qui me veut faire des
leçons de la guerre ou jamais il n’a esté. Ce n’est donc que ciuilement,
& par occasion, que ce Discours est addressé à des gens
d’espée. Quelques vns d’eux m’ont fait cognoistre qu’ils doutoient
que nos Armes fussent legitimes, en murmurant quelles
sont contre le Roy & son Conseil, & quelles l’empeschent d’estre
Maistre absolu dans sa maison. Il y a des-ja long-temps que ie les
ay satisfaits sur cette matiere, & qu’ils m’ont remercié des esclarcissemens
que ie leur donnois pour asseurer leurs consciences :
Mais trouuans mes raisons assez passables pour estre communiquées
au public, ils m’exhorterent de luy en faire part. Ie
disois donc que ce qui encourage les plus timides, c’est la bonne
cause qu’ils soustiennent, c’est ce qui leur met le cœur au ventre
quand ils jugent que c’est pour le Roy, & pour leur Patrie qu’ils
ont endossé le harnois. Or jamais les Armes n’ont esté plus iustes
qu’aujourd’huy celles de la France pour sauuer la France,
& le Roy mesme que l’on tient captif en ses jeunes ans. Tant s’en
faut que nos Armes & nos Armées soient contre le Roy, que
visiblement elles flamboient pour sa gloire & sa seureté, pour le
rendre Maistre absolu dans son Royaume, pour luy sauuer son
Patrimoine & ses richesses à l’aduenir, & pour luy faire rendre
toutes sortes de deuoirs & d’obeїssances. Qui dira ou qui pensera