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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


commencement iusques au Consulat de Cesar seulement,
moururent des citoyens de la seule ville de Rome, le nombre
de cent soixante & dix mille ; & est bien croyable qu’il
en mourut beaucoup plus depuis, & qu’il en mourut dix fois
autant des Prouinces sujettes à l’Empire Romain. Mais que
s’ensuit-il de toute cette barbarie, sinon le bouleuersement
de ce mesme Empire ? C’est le fruict qu’apportent infailliblement
les guerres ciuiles ; & c’est la raison aussi pour laquelle
tout bon Prince mettra tout son soin à les preuenir,
ou au moins à les estouffer dans leur naissance, à l’exemple
de ce bon & sage Roy Charles VII. Ce Prince estant encore
Dauphin, le Duc Iean de Bourgonne, homme fort
ambitieux & vindicatif, apres auoit fait tuer de guet à pend
Louys Duc d’Orleans, frere vnique du Roy Charles VI. &
apres auoir remply le Royaume d’armes ciuiles & estrangeres,
ne se contentant pas de tout cela, s’empara du Roy qui
estoit aliené de son sens par maladie, & de la Reyne, pour
faire la guerre au Dauphin : ces occasions semblerent suffisantes
à ceux qui gouuernoient le Dauphin, pour entreprendre
vn coup hasardeux, comme ils firent, & le firent
trouuer bon au Dauphin, qui lors estoit encore ieune Prince.
Il manda donc audit Duc qu’il vouloit faire paix auec
luy, & le pria de prendre lieu & iour ensemble pour s’entreuoir,
& traitter de cette paix. Le iour fut pris, & le lieu assigné
à Montereau-faut-Yonne, où ledit Duc se trouua
sous la confiance de la parole & promesse du Dauphin, qui
luy auoit donné foy & asseurance. Arriué qu’il fut faisant
la reuerence à Monsieur le Dauphin, il fut enueloppé & tué
sur le champ, & quelques Gentilshommes de ses gens par
mesme moyen Philippes fils & successeur de ce Duc Iean,
prit grandement à cœur ce meurtre commis en la personne
de son pere, & chercha tous les moyens qu’il pût pour s’en
venger, & par ce moyen continuerent encor long temps
les guerres ciuiles. Les Anglois cependant faisoient bien
leurs affaires en France, & conquirent la Normandie, Paris