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Mazarinade n° B_2_34

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.


que le party le moins iuste l’emporte, il fait neantmoins que
l’issuë & la fin, selon laquelle il faut iuger, est pour l’équité
& la iustice.
 
Or si, comme il est aisé de iuger par ces exemples, vn Prince
doit tascher d’appaiser, par des conditions honnestes, les
guerres qu’il a contre les Estrangers ; auec combien plus de
raison doit-il faire tous ses efforts pour assoupir les seditions
& les mouuemens de ses peuples ? Car pour ce qui est
des guerres qu’il peut auoir des Estrangers, elles peuuent
aucunement seruir pour entretenir tousiours des gens agueris
pour le besoin, & principalement quand les sujets du
Prince sont naturellement enclins à la guerre, comme est la
nation Françoise ; de peur que ne les employans pas en ce ou
les porte leut inclination, ils ne prennent les armes contr’eux-mesmes
& contre leur patrie, comme dit fort sagement
l’Empereur Charles V. à François I. à leur entreueuë
au Chasteau d’Amboise. Mais les troubles & guerres ciuiles,
de quelque costé qu’on les tourne & considere, ne peuuent
iamais estre vtiles à vn Estat ; Et c’est pourquoy aussi vn
Prince bien aduisé, les fuïra sur toutes choses, & assoupira
tousiours le plustost qu’il luy sera possible ; premierement,
parce que c’est vne chose contre nature, de faire la guerre à
ceux de son pays, & de déchirer, pour ainsi dire, ses propres
entrailles. Ce qui a fait dire au grand Homere,
 
Ceux-là n’ont point d’amour, pour parens ny famille,
Qui aiment les malheurs d’vne guerre ciuile.
 
Et en second lieu, parce qu’il s’affoiblir plus, & luy & ses
sujets en vn an, par ces guerres intestines, qu’il ne peut s’affoiblir
en trente ans par des guerres estrangeres : & que celles-là
sont incomparablement plus dangereuses & plus pernicieuses
que celles-cy. Si la grandeur & la puissance des
Roys ne dependent que de l’opulence & des richesses de
leurs sujets ; de grace que peuuent-ils esperer les plongeans
dans vne guerre ciuile, sinon de deuenir, au bout du compte,
les Roys de pauures gueux : ou de ioüer mesme quelquesfois