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Mazarinade n° C_7_46

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Anonyme [1649], DISCOVRS A MRS DE PARIS, SVR LE SVIET DES TAXES. , françaisRéférence RIM : M0_1099. Cote locale : C_7_46.


quelque peu d’argent pour la subsistance de nostre armée,
on n’entend plus que clameurs ; tel qui a payé pour cent mil escus
de taxes, trouue estrange qu’on le veille obliger à fournir trois ou
quatre mil francs : Sçauriez-vous iamais achepter trop cher vostre
liberté & celle de vos enfans ? Qu’on ne dise point que ce soit la
cause du Parlement ; c’est la vostre, Messieurs. Qu’est-ce que cette
illustre Compagnie a fait, sinon de s’opposer à la dissipation de
cet Estat, & d’auoir resisté à la tyrannie ? Ils ont entrepris la querelle
lors qu’ils estoient veritablement hors d’interest, & s’ils eussent
voulu abandonner la cause du public, on leur auroit accordé
tout ce qu’ils auroient souhaitté. Sçachez que la proposition leur
en a esté faite tres-souuent ; mais ils ont refusé auec generosité ce
qu’ils ne pouuoient accepter sans injustice. Que si leurs bonnes
intentions sont demeurées sans effet, c’est qu’ils se sont trouuez
sans pouuoir. Il ne les en faut pas blasmer, ne vous en prenez
qu’a vous mesmes. Messieurs Gayant, Sçaron, Lesné, Batillon,
& tant d’autres n’ont-ils pas esté releguez ou emprisonnez pour
auoir soustenu vos interests ? Si en ces temps-là vous eussiez tesmoigné
vos iustes douleurs, vous auriez éuité toutes les persecutions
que vous auez souffertes du depuis. Que peut cette Compagnie ?
Elle n’a que la voix ; mais cette voix ne sçauroit se faire entendre
lors que l’injustice est la maistresse. Ie me souuiens d’vne
fable qui est tres-commune, mais qui vient fort à propos à nostre
sujet, & comme ie ne vous ay rien promis de releué, i’ay creu que
ie m’en pourrois seruir en ce discours : Vn iour les loups offrirent la
paix aux Bergers, pourueu qu’ils voulussent chasser leurs chiens.
Cette proposition sembla si aduantageuse aux Bergers, qui esperoient
par ce moyen s’exempter du soin qu’ils estoient obligez
d’auoir pour leurs brebis, & de la despence qu’ils faisoient pour
l’entretien de leurs chiens ; Ces pauures credules, sans considerer
d’auantage la nature de cet animal, executerent la condition qui