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Mazarinade n° E_1_130

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Anonyme [1649], DIALOGVE ENTRE LE ROY DE BRONZE. ET LA SAMARITAINE. Sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1090. Cote locale : E_1_130.


de celuy d’vn Empire, pour en inuestir vn Frere défroqué ? Feroit-il,
comme luy triompher le vice Italien de la vertu Françoise ?
Et seroit-ce à l’exemple de Iacquemart, comme a celuy de Mazarin
que se pratiquoient les empoisonnemens en France comme en
Italie ? Croyez-moy, grand Monarque, si ce bon Gaulois viuoit
encore, & qu’il occupât le rang qu’vn Estranger occupe, tout ce
qui va mal iroit le mieux du monde. Comme il estoit homme
pacifique, les ressorts de ses mouuemens n’eussent pas ioüé, comme
ceux de ce broüillon, contre la negotiation de Munster, il
se fust bien passé des intrigues de Seruient, & Monsieur de Longueuille
en moins de temps eust trouué moins d’obstacles dans
vn dessein important au repos de toute l’Europe ? Il n’auoit pas,
comme cet infame, des niepces à commettre aux soins d’vne
Dame qui venoit de gouuerner vn Monarque, pour les eriger en
Princesses, l’vne de Portolongone, l’autre d’Orbitello, & la troisiesme
de Piombino : car, à ce qu’on en peut iuger, c’est à quoy
tendoient ses beaux desseins sur ces trois places-là. Son luxe
n’eût iamais épuisé nos finances en festins, en balets, en
machines, comme a fait celuy de ce nouueau Sardanapale,
qui semble auoir rendu tous les elemens tributaires aux appetits
de son corps & de son ame de bouë. Enfin Iacquemart
n’eust iamais arraché ny les Interpretes des Oracles diuins de leurs
chaires, ny les Magistrats Souuerains de leurs tribunaux, ny le
Roy de son Throsne. Le dernier en ordre de ces trois attentats
est le premier en horreur : & la posterité qui lira nos Annales, croira
sans doute fabuleux ce grand chef-d’œuure de son audace &
de son insolence. Helas ! il n’est pourtant que trop veritable pour
nostre malheur, & les Astres tesmoins d’vne si noire entreprise
ont veu, sans s’y pouuoir opposer, ce voleur nous enleuer les delices
de toute la France, ou plustôt de tout l’Vniuers. Ils ont veu,
grand Monarque, & permis ce detestable attentat sur le repos le
plus precieux, & sur la santé la plus chere du monde. H Et la
Reyne l’a souffert ? S. Le Demon infernal de ce Tyran, ou plustost
luy-mesme ce Demon incarné a triomphé du bon Genie de
cette incomparable Regente, & l’a renduë innocemment complice
de son crime. H. Et Gaston ne l’a pas empesché ? S. Bien
pis, il a malgré son zele luy mesme esté de la partie ; Madame la
Duchesse d’Orleans, quoy que trop indisposée pour ce depart