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Mazarinade n° A_7_54

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Anonyme [1649], LE TABLEAV DES TYRANS FAVORIS, ET LA DESCRIPTION des maluersations qu’ils commettent dans les Estats qu’ils gouuernent. ENVOYÉ PAR L’ESPAGNE A LA FRANCE. , françaisRéférence RIM : M0_3746. Cote locale : A_7_54.


contre mes Royaumes & mes diuers Estats, a miserablement
fait contre l’Espagne, ce que l’ingrat, l’auare, & le scelerat Cardinal
Mazarin a fait contre la France.
 
Ils ont tous deux si mal agy, & pour nostre gloire, & pour le repes
de nos Subiets, qu’ayant terny l’éclat de l’vne, & par leurs pyrateries
& oppressions troublé le bien de l’autre, peu s’en est fallu,
& peu s’en faut encore, que nos Peuples secoüant le ioug de leur
obeyssance, ne nous eurent par leur sousleuement depossedées de
nos Sceptres, & de nos Couronnes.
Les Cardinaux de Pellegruë, de la Roche, d’Amboise, d’Ossat,
& de Rets parmy les François, Albornos, Caruagal, Grauuelles,
Ximenes, qu’il a cy-dessus nommez parmy les Espagnols ; & les
Colomnes, les Vitellesques, & les Caraffes parmy les Italiens, ont
esté de grands Hommes, de grands Ministres d’Estat, de grands
Fauoris, qui se sont autrefois meslez de la guerre pour le seruice
de leurs Maistres : mais ces grands Personnages n’approcherent iamais
des belles, des hautes qualitez, ny de la fidelité incorruptible
du feu Cardinal Duc de Richelieu pour son Maistre.
Du temps que nos Couronnes se firent ennemies, & qu’elles se
declarerent la guerre ; depuis mesme la continuation de nos diuisions
& de nos desordres, i’ay cent fois fait toutes sortes d’efforts
au dedans & au dehors de vostre Royaume, pour corrompre ce
Ministre, & l’obliger à vous trahir par des promesses, ou des asseurances
capables de seduire les ames les plus fideles, sans auoir pû
rien gagner sur ce cœur Magnanime, qui n’a iamais creu pouuoir
acquerir de l’honneur & de la reputation, que par l’accroissement
de vostre bon-heur & de vostre gloire.
Lors que pour m’agrandir, & vous abbaisser, i’entretenois chez
vous des pensionnaires parmy les Huguenots, à l’aduantage de
mes affaires, & au preiudice des vostres, ne remuay-ie pas le Ciel
& la Terre, pour gagner ce Ministre, afin qu’il diuertisse Louis
XIII. du dessein que ie luy vis prendre, de faire la guerre à ses rebelles,
qui donnoient souuent à son Royaume, de nouuelles matieres
de diuisions & de desordres ; mais ce fut en vain : car plus ie
m’éuertuay de le tenter, pour empescher cette entreprise, & dauantage
s’efforça-t’il d’en procurer l’auancement. Enfin, i’ay toûjours
remarqué en luy depuis le premier iour de son aduenement
à l’administration de vos affaires iusques à sa mort, vne foy sincere,
vn iugement sans exemple, & vne fidelité sans égale. Ie confesse
bien que parmy tant de vertus, il auoit de grands deffauts, & que
par la fin malheureuse de la vie du Marquis d’Ancre, il sembla s’éleuer
de ses ruines, & bastir sa fortune sur le debris de celle de son
predecesseur.