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Mazarinade n° C_7_14

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Anonyme [1649], DIALOGVE ENTRE LE ROY DE BRONZE, ET LA SAMARITAINE. Sur les affaires du temps present. , françaisRéférence RIM : M0_1090. Cote locale : C_7_14.


en machine la perte ineuitable, fi Dieu n’a pitié de nous. Ie
fremy, grand Monarque, quand i’y pense : & ie voy dans cet enleuement
de nos plus cheres delices, des circonstances capables
d’étonner les plus fermes courages. H. Et le Prince de Condé ce
ieune Alexandre, en qui ie crus renaistre, & crois maintenant reuiure,
ne fait point raison à sa patrie d’vn si cruel outrage, & sa valeur
sommeille en vne occasion la plus auantageuse du monde de
se signaler ? S. Rien moins, Sire, elle ne parut iamais plus ardante
& plus vigoureuse, mais c’est à proteger & non à perdre son
propre ennemy, ce lâche oppresseur de la France, & cet infame rauisseur
de ce qu’elle auoit de plus cher & de plus aimable. L’eussiez
vous iamais creu, grand Monarque ? H. Non sans mentïr,
voisine, & i’auouë que i’ay bien encore de la peine à le croire : vn
reietton de la souche des Bourbons s’estre declaré pour vn voleur,
contre l’Estat, & contre sa patrie ! S. Il n’est pourtant que trop
veritable, Sire, & mon incredulité ne seroit pas moindre que la
vostre, si ie ne l’apprenois des discours de tous ceux qui passent
par icy : car enfin on ne parle plus si bas comme l’on faisoit, & ie
m’estonne fort que vous n’en ayez appris quelque chose de tant
d’honnestes gens qui vous enuironnent. Car enfin ie m’asseure
que vostre Cour n’est plus de celles où le cœur dément tousiours
la bouche, où la verité n’ose leuer le masque, & d’où l’on bannit
ceux dont la candeur ose l’exposer nuë aux yeux qu’elle éblouyt.
H. Ne te mocque point de ma Cour ; car à ce que ie voy, celle de
mon fils ne vaut gueres mieux. Si le Poicteuin assemble en l’vne
des Filous & des Coupeurs de bourse, Mazarin vray saltinbanque
d’entre chair & cuir, n’en attire pas moins en l’autre : & chacun
sçait bien qu’il n’est ordinairement enuironné que de gens de sac
& de corde : auec vne difference pourtant, que ma vieillesse est à
l’espreuue du mauuais exemple, & que la ieunesse de mon petit
fils ne l’est pas. C’est ce que la Reyne deuroit considerer. S. Et
c’est pourtant, Sire, ce que la Reyne ne considere point, croyant
ce perfide aussi zelé pour le bien de la France, qui n’est autre que
celuy du Roy mesme, qu’il deuroit l’estre effectiuement apres les
bienfaits qu’il en a receus. Et ie crains fort qu’en peu de temps
cette incomparable Reyne ne le connoisse mieux aux despens de
son Estat chancelant, si Dieu ne benit les soins de ce grand Parlement,
protecteur incorruptible & de l’honneur de nos Roys & du