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Mazarinade n° A_2_50

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Anonyme [1649], DIALOGVE DE ROME ET DE PARIS. Au sujet de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1083. Cote locale : A_2_50.


Le Palais de Mazarin est fort estimé pour vne
escurie où l’on peut mettre cent cheuaux de front,
les mangeoires & les ratteliers y sont faits à la guise
de vostre pays, & comme il n’espargne point la despense,
i’estime qu’il en eut fait faire encore vne autre
semblable, pour y placer autant d’asnes, s’il auoit pensé
d’y pouuoir demeurer long temps. Au dessus de
cette escurie on void vne grande Salle, où il a ramassé
quelques liures, qu’on dit qu’il a fait chercher par tous
les endroits de la terre, traittant les pauures Muses si
mal, qu’au lieu de les faire loger sur des fleurs, comme
elles estoient dessus leur montagne, il les prostituë à
l’odeur d’vn fumier puant, & aux mauuais vents des
cheuaux creuez d’auoine & de foin. Ie vous laisse à
penser si c’est le respect qu’on doit aux sciences : mais
ie ne m’estonne pas de cela, i’en sçay bien le suiet, car
estant vn pur ignorant, il n’a point ramassé ces liures
pour luy, mais seulement par vne vanité pure & simple,
pour quelques personnes qui les voudroient lire,
& comme il ne fait pas beaucoup de conte des hommes
de lettre, il n’a pas voulu leur permettre vn accez
libre chez luy, mais il leur a designé tout exprés
vne retraitte hors de sa maison, parmy les laquais &
les palfreniers. Et si les cheuaux eussent peu monter
par les escaliers, vous deuez croire qu’il les eust fait
monter au second estage, & qu’il eut placé les liures
en bas.
 
Rome.
Ie plie les espaules à ce que vous dittes, & ie vois