LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS ESCRITE PAR VN PROVINCIAL.

Auteur
Beaudeau, Jean (marquis de Clanleu) [?]
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1649
Lieu d'édtion
Paris
Langue
français, latin
Nombre de pages
34
Référence Moreau
M0_1837
Cote locale
A_5_23
Note
Voir aussi C_3_31. Dans Choix I de Moreau. Pièce 2 des 52 de Carrier.
Dernière modification
2020-08-21 05:44:52
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2014-05-04 16:26:35.
Notice Moreau : Naudé la cite comme un exemple de ce que sont les bonnes pièces dans leurs formes extérieures : l'impression, le titre, le nombre des feuilles, et dans leurs formes intérieures : la composition et le style. (Pages 204 et 208 du "Mascurat".) Guy Patin la signale avec éloge à la page 190 du Ier volume des "Lettres à Spon" ; et Mailly l'indique dans la note de la page 123 de son IIe volume. Mais ce qui la recommande peut-être davantage encore, c'est l'accueil qui lui fut fait à son apparition. Elle devint tout aussitôt le point de départ d'une polémique vive, ardente, passionnée. Huit pamphlets se succédèrent en peu de jours pour l'attaque ou pour la défense de la "Lettre d'avis". Ce fut d'abord la "Réponse et réfutation du discours intitulé : Lettre d'avis" [M0_3443], etc. ; puis, dans l'ordre que je vais suivre, "Réplique au suffisant et captieux censeur de la Lettre d'avis" [M0_3353], etc. ; "Censure de l'insuffisante et prétendue réponse faite à la Réfutation" [M0_669], etc. ; "Véritable censure de la Lettre d'avis" [M0_3924], etc. ; "le Donjon du droit naturel divin" [M0_1170], etc. ; "la Ruine du mal nommé" [M0_3567], etc. ; le "Retorquement du foudre de Jupinet" [M0_3526], etc. ; "Jugement et censure des trois libelles" [M0_1773], etc. ; enfin, "Discours chrétien et politique de la puissance des rois" [M0_1103]. C'est ici en quelque sorte le résumé de la discussion. On peut y joindre le pamphlet intitulé : "Question : s'il doit y avoir un premier ministre dans le conseil du roi" [M0_2950], etc. Saint-Ange dit à "Mascurat" que la "Lettre d'avis" « n'est qu'un pressis (sic) des mauvaises maximes de la "Franco Gallia Hottomani" et des "Vindiciœ contrà tyrannos Junii Bruti". » Voici, en effet, quelques passages de la "Lettre" : « Les rois cessent d'être rois quand ils abusent de leur autorité. Les sujets sont déliés de leurs serments quand les rois contreviennent aux leurs. » « Vous êtes ces dieux "consentes" sans lesquels les rois ne peuvent rien faire de juste ni de considérable dans le gouvernement de leurs peuples. » Cela s'adresse au Parlement. « Il y a bien de la différence entre ces deux propositions : le Prince peut prendre et disposer de nos biens et vies à sa fantaisie ; et nous devons employer vies et biens à servir le Prince. » Ce dernier passage, d'une évidente justesse, a pourtant été ardemment controversé, comme nous allons le voir. L'auteur de la "Réponse et réfutation" s'attaque à la première maxime seule ; et il soutient que les rois sont toujours rois, même quand ils deviennent tyrans. La discussion prend aussitôt un caractère théologique. On cite les saintes Écritures, les décrétales et le droit canon. L'auteur de la "Réplique au suffisant et captieux censeur" a invoqué l'exemple de Roboam ; celui de la "Véritable censure de la Lettre d'avis" s'autorise de l'exemple de Saül pour affirmer que les rois ont la pleine et entière disposition de la vie et des biens de leurs sujets. La raison en est, dit-il, que Dieu les a donnés aux peuples en punition de leurs crimes. Au contraire, l'auteur du "Rétorquement du foudre de Jupinet" prétend que les peuples ont le droit de déposséder les rois qui ne font pas bien leurs charges. Il dit qu'il faudrait, à l'imitation de saint Ambroise, siffler les princes temporels et spirituels , leur fermer les portes des églises, ou les en chasser, s'ils y sont, parce que tout est rempli de sacrilèges, "d'athées", d'impiétés, de concussions et de lubricités. Tous ne vont pas aussi loin dans les conséquences de leur doctrine. Ainsi, celui qui le premier parle de Roboam, se hâte d'ajouter qu'au surplus il ne s'agit dans ce débat que des ministres qui doivent obéir aux lois. L'auteur du "Discours chrétien et politique" dit bien : « Ce ne sont pas les rois qui ont fait les peuples ; ce sont, au contraire, les peuples qui ont fait les rois. » Mais il n'en conclut pas que les peuples sont souverains. Il soutient seulement que les rois doivent, comme tous les hommes, obéir aux commandements de Dieu, et que les royautés se perdent par la tyrannie. Ce n'est plus une maxime de droit ; c'est un fait. Il est remarquable que des deux côtés la discussion est dominée par ce principe chrétien : "Omnis potestas à Deo". La "Lettre d'avis" fut publiée contre la paix pendant les conférences de Ruel. La paix se fit pourtant ; mais la polémique continua sur un ton qui prouvait assez que les luttes n'étaient pas finies. À côté de cette grande controverse, il s'éleva bientôt une dispute entre l'auteur de la "Réplique" et celui de la "Véritable censure", qui prend le titre de grammairien de Samothrace. On se traite de drôle, de crocheteur, d'âne ; on se déclare bon à brûler en cette vie et en l'autre. « Pour mon nom et ma demeure, s'écrie le grammairien, un gentilhomme de mes amis en fut instruire votre imprimeur afin d'apprendre le vôtre. » Il semble qu'il ait appris par cette démarche que son adversaire était moine. Du moins , je lis dans le "Jugement et censure des trois libelles" : « Ha ! que cela est de bonne grâce de voir un ecclésiastique ne répondre que par des mots de gueule ! » Et un peu plus loin, l'auteur donne à entendre que cet ecclésiastique était prêtre régulier. « Seigneur, ajoute-t-il, souffrirez-vous encore longtemps un homme comme cela parmi nous sans lui faire justice ? » On peut croire que les pamphlétaires se connaissaient, à peu près comme se connaissent aujourd'hui les journalistes. Ils avaient le secret des anonymes et des pseudonymes. Il est très-rare qu'ils l'aient révélé dans leurs libelles. Je trouve dans la "Ruine du mal nommé" quelques observations grammaticales, qu'il n'est peut-être pas inutile de reproduire : « Le mot de "Camusade" sent le fripon. » « "Arguer" est un vilain mot. » « C'est une faute que de supprimer le pronom devant le verbe. » « Il faut éviter avec le plus grand soin les rimes dans la prose. » Séparée, chacune de ces pièces n'a pas une grande valeur. La "Lettre d'avis", qui est la meilleure, est fort commune. Mais il n'est pas toujours facile de les réunir toutes ; et la collection complète a quelque prix.
Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2020-08-21 05:53:42.

"Jean Beaudeau, marquis de Clanleu, gouverneur de Château-Chinon. Il ne faut pas le confondre, comme a fait Moreau dans son édition des Courriers de la Fronde (I, 389, n. 28), avec Bertrand d'Ostove de Clenleu - écrit souvent Clanleu au XVIIe siècle - qui fut tué à Charenton le 8 février [...]. La Lettre d'avis à Messieurs du Parlement est attribuée au gouverneur de Château-Chinon par deux mentions manuscrites portées par des contemporains sur leurs exemplaires (B. N., Réserve des Imprimés, recueil Fontanieu, t. 165, et Bibliothèque d'Angers, recueil coté 100. 352, pièce n° 44)." (H. Carrier, La Conquête..., p. 453-454, note 338.)

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