LA PIERRE DE TOVCHE AVX MAZARINS.

Auteur
C. Q. A. P. L. C. M. D. L. V. D. P. A. M. D. N. 1650 [signé] = Dubosc-Montandré, Claude [?]
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1652
Lieu d'édtion
Paris
Langue
français, latin
Nombre de pages
40
Référence Moreau
M0_2765
Cote locale
C_12_41
Note
Dernière modification
2016-08-16 14:39:42
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2012-12-22 15:35:34.
Notice Moreau : On lit à la fin : Par C. Q. A. P. L. C. M. D. L. V. D. P. A. M. D. N. 1650. Je citerai divers passages de ce curieux pamphlet ; ce sera le meilleur moyen de le faire connaître. « Ces illustres sénateurs ayant un juste sujet d'y procéder de la sorte, un chacun peut hardiment suivre dans cette occasion leur sentiment et leur courre sus en criant : « Ce sont des mazarins ; ce sont des criminels ; ce sont des ennemis de l'État. Tue ! tue ! tue ! Razons leurs maisons ; exterminons cette race ; et prenons leur bien pour leur faire la guerre à leurs propres dépens, comme ils nous la font aux nôtres... » « Si le comte d'Harcourt avoit été déchiré par le peuple auparavant sortir (sic) de Paris, un autre n'eût pas osé prendre la conduite d'une armée destinée et occupée depuis six mois à la perte des plus nécessaires appuis que nous ayons maintenant contre les entreprises du cardinal Mazarin. Si toute la maison d'Elbeuf avoit été entièrement saccagée et détruite d'abord qu'on lui a vu embrasser le parti de ce Sicilien, les autres seigneurs de France eussent eu de l'appréhension de se mettre dans cette brigade de voleurs. Si les maisons de ceux qui ont ramené le cardinal en France, avoient été rasées et leur bien confisqué pour faire la guerre à cet infâme auteur de nos maux, la crainte d'un pareil châtiment en auroit retiré les autres ; et ce faquin, se voyant délaissé, nous auroit mis hors de peine, par sa fuite, de nous tenir sur nos gardes et de songer à notre conservation. Enfin, si la plupart de ceux qui se déclarent encore aujourd'huy dans Paris pour le Mazarin, étoient tirés à quatre chevaux, le reste se rangeroit à son devoir... » « Les peuples peuvent exécuter dans cette rencontre, sans péril, ce que le Parlement ni les princes en leur particulier ne peuvent faire sans juste sujet de crainte, parce que, quand le peuple saccagera la maison du maréchal d'Hocquincourt, quand il traînera par les rues un abbé d'Euzonat ("Euzenat, intendant de Mazarin"), et quand il exercera toute sorte de cruautés sur les mazarinistes, il n'a point tant à craindre que si M. le duc d'Orléans ou le Parlement en avoit fait pendre un seul, parce que la réprésaille seroit dangereuse. Mais quand on sait que c'est une sédition populaire, on ajoute d'abord : « Il n'y a point de remède. Il faut prendre patience et tâcher de ne point s'attirer leur haine ; car après tant de tyrannie, ils ont raison de chercher leur soulagement par la perte de ceux qui font subsister le tyran. « Haurit hinc populus de tali sanguine vitam. » Je regrette que l'auteur ait pu appeler cela travailler pour M. le Prince. Assurément il n'y a dans aucun pamphlet de Davenne rien d'aussi abominable que cette théorie des séditions populaires. Et cependant : « Le lieutenant civil, animé d'une rage insupportable contre ceux du parti de M. le duc d'Orléans et de M. le Prince, persécute, dit l'auteur, avec tant de chaleur tous ceux qui tâchent de "gagner leur vie" en servant le public contre les mauvaises intentions du cardinal son maître, que tout le monde le peut considérer maintenant comme un autre Mazarin par l'étroit attachement qu'il a au service de ce proscrit. Les imprimeurs qui travaillent contre les ennemis de ce Sicilien, ne sont point sujets à la rigueur de ses cruels arrêts ; ceux qui travailleront à la composition d'un panégyrique du cardinal Mazarin, seront ses bons amis et ses pensionnaires. Ceux qui veillent à la découverte de quelque pièce contre ce pernicieux ministre, sont bien récompensés ; témoin le surnommé "Pacifique" (Davenne), qui est dans la Conciergerie, et qui a passé par ses mains sans nul hazard, après avoir fait la "Puissance des rois et le pouvoir des sujets sur les souverains", "l’Harmonie de la cour", et plusieurs autres pièces horribles et détestables, dont le lieutenant civil a connoissance, contre la propre personne du roi et de Son Altesse Royale. Le garçon de son imprimeur est mort en prison, imaginez-vous comment ! dans deux jours, afin qu'il n'achevât pas de découvrir les pernicieux ouvrages de cet infâme auteur. Cependant, le sieur "Pacifique" ne reçoit point de châtiment parce que le lieutenant civil prétend qu'il a mérité son pardon en écrivant contre M. le Prince... Si l'on entend parler dans Paris que le lieutenant civil a fait quelque capture, qu'il a veillé pour cela toute une nuit dans un carrefour de l'Université, l'on apprend en même temps que ce n'est pas celle d'un voleur, d'un filou, d'un meurtrier, d'un coupeur de bourse ou d'autres semblables, mais d'un misérable imprimeur qui travailloit pour M. le Prince ou quelqu'autre frondeur contre Mazarin. C'est à ceux-là que cet admirable chef de la police fait toujours la guerre ; ce sont ceux-là qui sont condamnés à de grosses amendes, bannis pour jamais, condamnés au fouet, à la torture, aux galères perpétuelles, et enfin à tout ce que sa cruauté lui peut inventer de barbare et d'inhumain. » Voici maintenant quelques anecdotes : « Saintot, qui est ici le distributeur des nouvelles mazarines avec Bautru et quelques autres, n'épargne point l'argent de son maître pour tâcher d'insinuer par de faux bruits la crainte dans l'esprit des peuples, et n'étant point assez hardi pour aller les crier dans les rues lui-même, sans du moins quelqu'apparence de vérité, depuis qu'on l'a rendu responsable de ce qu'il avanceroit, donne des relations manuscrites à de certains cabaretiers gagés pour les montrer à ceux qui vont boire ou manger dans leur maison, afin que, ses (sic) avantages chimériques venant peu à peu des uns aux autres, tout Paris en reçoive l'impression qu'il en attend, toutes les fois qu'il sait qu'on doit fronder au Parlement... Ce même petit mazarin de Saintot, dès qu'il apprend que M. le Prince a perdu un homme dans quelque rencontre, pour prévenir les esprits auparavant qu'on ne sache la vérité, s'en va avec quelques-uns de même cabale chez le nommé Guil pour faire une relation telle qu'il la pourroit souhaiter, s'il ne dépendoit que de sa volonté pour détruire M. le Prince. » Il s'agit probablement ici de Saintot, le conseiller au Parlement, et non du maître des cérémonies. « Le maréchal de Lhopital ne se déclare point si ouvertement. Son jeu est néanmoins plus grand, quoique plus couvert ; et se servant d'un stratagème horrible et détestable, il est bien plus dangereux. Par une lâche hypocrisie, il contrefait le bigot, et sous de trompeuses apparences d'homme de bien, s'en va par les paroisses solliciter d'en être marguillier, et par cette sainte dévotion tâche de gagner les anciens, caresse les chefs des corps de ville, et invite souvent chez lui des principaux bourgeois du quartier afin de les attirer à soi, c'est-à-dire à Mazarin. »
Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2016-08-16 14:41:17.

H. Carrier attribue cette pièce à Dubosc-Montandré (ou Montandré Du Bosc), "pamphlétaire attitré de Condé" (voir "La conquête de l'opinion", p. 102, et "Les hommes du livre", p. 79).

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